BD. Après quelques années passées à Paris, Léon Lenoir revient à Madrid pour revoir Paloma, sa cousine avec qui il a eu une histoire d’amour qui a mal fini. Reporter, il trouve un poste de rédacteur à la rubrique faits divers de La Capitale, contrôlé, comme tous les autres journaux, par la censure franquiste….A son arrivée, il est plutôt fraîchement accueilli par Emilio Sanz, son collègue toujours obnubilé par son enquête sur le tueur en série qui sévit sous la dictature. D’ailleurs, une jeune femme vient d’être retrouvée morte dans le fleuve…
La très bonne idée de Contrapaso (en français, “contrepoint”, technique musicale où 2 lignes mélodiques sont interprétées en même temps, dans notre récit, celles d’Emilio et Léon, bien sûr), c’est clairement d’avoir choisi la période franquiste d’après guerre pour faire évoluer ce roman noir. Car si l’enquête est forcément gage de suspense et de mystère, le cadre historique permet, quant à lui, à Teresa Valero, que l’on découvre ici, d’explorer les côtés nauséabonds de la dictature de Franco. Dans ce tome 1 (qui appelle donc une suite mais dont la lecture peut tout à fait être autonome), l’auteur revient ainsi notamment sur ses théories eugénistes et homophobes (et les expériences que certains scientifiques pratiquèrent sur des femmes “déviantes”…) ou le vol de bébés de personnalités jugées dangereuses par le pouvoir (parce que communistes, par exemple…) afin de les rééduquer…
Un chapitre très sombre de l’histoire espagnole que Valero met en images avec inspiration : son dessin, très travaillé, est vraiment expressif et réaliste. Et les références au quotidien espagnol de ces années là (comme les grèves étudiantes pour protester contre le manque de liberté dans les universités) apportent beaucoup de crédibilité à cette reconstitution. Un premier tome réussi.
(Série, 152 pages pour ce premier tome – Dupuis)