BD. Contrition, petite ville de Floride où les délinquants sexuels atterrissent après avoir purgé leur peine de prison et doivent signaler leur présence par l’entremise d’un panneau placé devant leur domicile. C’est là que le corps de Christian Nowak est retrouvé carbonisé dans l’incendie de sa maison un beau jour de 2008. Mais Marcia Harris, reporter au journal local, ne croit pas à un incendie accidentel, la scène s’avérant trop « parfaite » à son goût…Une intuition confirmée quelques jours plus tard quand les premiers résultats du labo tombent : le corps retrouvé a 20 ans de plus que Nowak. Il s’agit en fait d’Olaf Gordon, mort quelques mois plus tôt mais que l’on a déterré pour l’occasion…
Après l’inoubliable trilogie du « Moi » réalisée en collaboration avec Altarriba (qui signe d’ailleurs la préface de Contrition), on attendait avec impatience le nouveau récit de Keko, qui a cette fois travaillé avec un autre scénariste, en la personne de Carlos Portela, très connu pour son travail pour la télévision en Espagne. Et comme à son habitude, Keko se frotte, dans Contrition, à un sujet aussi sensible que complexe à traiter : la pédophilie et la façon dont elle est « gérée » aux Etats-Unis. La stigmatisation qui frappe les pédophiles dans ce pays leur laisse-t-elle une chance de se réinsérer dans la société ? Qu’est-ce qui pousse les pédophiles à passer à l‘acte ? Est-on forcément une mauvaise personne quand on fait de mauvaises choses ? L’éducation et les traumatismes de l’enfance peuvent-ils expliquer les déviances des pédophiles ? Les pédophiles peuvent-ils « guérir » ? Portela et Keko abordent toutes ces questions avec subtilité et humanité à travers ce thriller parfaitement mené, particulièrement sombre et désenchanté, qui ne pouvait être mis en images que par ce travail graphique en noir et blanc (sa marque de fabrique…), intense et dense, de Keko. Un récit qui déstabilise et bouscule le lecteur en l’obligeant à aller là où il n’a pas forcément l’habitude : dans les zones sombres et complexes de l’âme humaine…
(Récit complet, 168 pages – Denoël Graphic)