Envie de découvrir le Brésil ? Cela tombe bien : Lobo et Odyr vous proposent une petite visite de Copacabana ! Mais une visite un brin particulière : celle du Rio de Janeiro de la nuit, des bars où les prostituées font de la retape pour payer leur drogue ou les usuriers à qui elles doivent du fric, des hôtels où réceptionnistes et garçons d’étage sont prêts à tout pour arnaquer le touriste qui débarque avec des fantasmes d’exotisme plein la tête, des bas fonds qui puent la sueur et le sperme. C’est là que Diana bosse. Normalement, avec 4 ou 5 passes par jour, elle s’en sort. Mais là, avec sa mère qui lui demande de l’aider (elle la croit infirmière…) et Cadelao qu’elle doit rembourser, elle est prise à la gorge. D’autant que dans 4 jours elle aura ses règles…Heureusement que sa copine lui a proposé ce plan à 3 avec cet européen. Un plan bien payé. Mais un plan qui va mal tourner bien sûr…
Bon, vous l’avez compris, avec Lobo et Odyr, vous pouvez oublier le Brésil glamour, les belles plages de sable fin et les soirées à danser la samba, un cocktail à la main, sur Copacabana. Non, leur Brésil à eux, certainement bien plus proche de la réalité, est à mille lieues de ces clichés de cartes postales. Dans ce récit âpre, comme le dessin brut de décoffrage (un trait très épais et spontané, techniquement approximatif mais tout à fait en phase avec le récit !) d’Odyr et dur, comme la bite des mecs qui viennent voir Diana et ses copines prostituées, c’est un Copacabana complètement pourri de l’intérieur qu’ils décrivent. Un lieu de perdition sordide où le sexe et l’arnaque sont omniprésents. Ici, on baise ou on se fait baiser ! Dans un pays où la misère règne, le touriste est bien sûr une proie de choix. Sentant le fric à plein nez, il faut lui faire cracher par tous les moyens. En lui montrant du string et des seins chirurgicalement modifiés. Ou en le faisant tomber dans un traquenard. Mais que ce soit avec la méthode dure ou la méthode douce, l’important, c’est qu’il crache !
Ce n’est pas souvent que l’on tient un polar brésilien entre les mains, mais pour le coup ce « Copacabana » fait son effet ! Hyper violent (le crime est partout, c’est bien simple), cru (il y a des bites, des seins et des culs à chaque coin de page) et très sombre (au propre comme au figuré car les aplats de noir occupent une grande partie des cases), il donne une image, marquante, particulièrement désenchantée du Brésil ! Une très bonne pioche pour le petit éditeur indépendant Warum !
(Roman graphique – Warum ?)