BD. Depuis que Martin Quenehen et Bastien Vivès se sont rencontrés, ils ne se quittent plus. Ainsi, après 14 Juillet et Océan noir, qui les voyait reprendre les aventures de Corto Maltese pour la première fois, ils prolongent le plaisir en imaginant un nouveau récit du pirate créé par Hugo Pratt. Cette fois, Corto est à Venise. Depuis qu’il a rencontré Sémira à Berlin, il traine avec elle. La jeune fille et sa bande ont un gros coup en vue : des serbes et des irakiens se sont donnés rendez-vous dans la ville italienne pour un gros achat d’armes qui ont survécu à la guerre en Yougoslavie. Mais quand ils arrivent sur le bateau pour faire main basse sur le fric, la CIA est déjà là avec ses hommes…
Bien sûr, les fans hardcore de la série auront peut-être du mal à accepter le style graphique, forcément différent de celui de Pratt (quoique l’italien aimait aussi le noir et blanc), épuré et spontané, ici rehaussé d’aplats de noirs et de gris informatiques, de Bastien Vivès…Et pourtant, s’ils arrivent à vaincre leurs réticences, ils découvriront que Quenehen et Vivès ont vraiment su saisir l’esprit de Corto Maltese. Son détachement (Corto, c’est quand même le pirate le plus cool qui ait jamais existé), son côté romantique et son faible pour les femmes (cette fois, c’est de la belle Sémira qu’il s’est énamouré) et son talent pour se mettre (et s’en sortir…) dans les situations les plus périlleuses qui l’emmènent un peu partout sur le globe. Cette fois, avec La Reine de Babylone, on part de Venise pour aller à Sarajevo avant de finir en Turquie. Avec la guerre en ex-Yougoslavie (l’action se passe en 2002) en toile de fond.
De l’Aventure avec un grand A, rondement menée (la narration est très rythmée) par Quenehen et Vivès qui livrent un Corto Maltese respectueux de l’univers de Hugo Pratt tout en y imprimant leur patte. Sombre et désenchanté, ce Corto revisité est une réussite.
(Récit complet, 168 pages – Casterman)