BD. Sous-titré « Fantaisie macabre », Debout les morts annonce la couleur (au propre comme au figuré car la couverture est, par ailleurs, presque entièrement rouge sang) d’emblée. Duchazeau a visiblement eu envie d’une récréation graphique et il a donc décidé de raconter la révolution mexicaine, à sa façon, résolument différente et complétement délirante. Et c’est Emiliano, le balayeur du cimetière, qui va sonner la charge. Car comme tous les autres, il en a assez d’être l’esclave des blancs espagnols, assez de voir les colons prendre leurs terres et…leurs femmes. Alors il décide de venger son père (qui avait été fusillé lors d’une précédente insurrection) et prend la tête d’une armée de morts pour aller aider les vivants à faire la révolution…Et à se débarrasser d’El Toro, un militaire brutal et sans pitié qui vient d’être nommé Commandante par le gouverneur pour faire revenir le calme dans la région. Le jour des morts…
Soyons francs : la narration, assez échevelée, est parfois difficile à suivre. Mais visuellement quel régal ! Entièrement réalisé en noir et blanc (comme les 3 autres récits que Duchazeau a sorti chez Sarbacane d’ailleurs), Debout les morts démontre tout le talent de l’auteur ! Son dessin au feutre et au feutre pinceau porte littéralement le récit par son expressivité et son inventivité. Mieux, il lui donne vie. Une gageure lorsque la moitié des personnages sont des morts…Cela donne quelques scènes d’anthologie, complètement hallucinées, comme lorsque les morts se ruent sur les bourgeois en train de festoyer pour leur faire la peau (c’est le cas de le dire…) ou quand Emiliano parle à son père qui n’est plus qu’un crâne…Un récit délicieusement décalé et drôle (on est régulièrement mort de rire, forcément…) qui nous fait passer un très bon moment.
(Récit complet, 148 pages – Sarbacane)