BD. Adam est dans le noir le plus total. Il entend ceux qui l’entourent -le docteur, l’infirmière, sa femme Lucy- mais eux ne peuvent pas l’entendre. Il ne voit rien non plus et ne peut pas bouger. Ataraxie totale. En d’autres termes : coma végétatif. C’est ce qu’il les a entendus dire. On parle même de le débrancher. Mais Adam pense. Il y a ces mots qui tournent dans sa tête. Il est donc bel et bien conscient. Mais comment leur dire ? Lors de ses moments d’éveil, des images floues lui apparaissent parfois. Sont-elles liées à la présence de cet inspecteur qui lui rend de temps à autres visite ?
On a beau connaître l’incroyable inventivité dont il est capable, Marc-Antoine Mathieu parvient toujours à nous surprendre ! Cette fois, avec Deep me, il nous emmène dans le néant. Le néant d’avant la naissance de la conscience. Celle d’Adam, qui n’a rien -pas de passé, pas de mémoire, pas de corps- à part les mots issus de sa pensée et ce qu’il entend pour faire du sens et comprendre qui il est et ce qui lui arrive. Comme souvent avec Marc-Antoine Mathieu, on ne peut pas trop en dire au risque de totalement gâcher le plaisir de la lecture. Mais ce que l’on peut en tout cas livrer c’est que ce thriller métaphysique est une nouvelle fois particulièrement ingénieux, malicieux et déroutant. Formellement d’abord, puisqu’une grande majorité des cases (à l’image du livre-objet lui-même, surprenant) est entièrement noire puisque l’auteur nous fait vivre le récit du point de vue d’Adam. Seules les bulles des dialogues de ses visiteurs, ses pensées et les quelques visions qu’il a nous parviennent donc. Et narrativement ensuite car le scénario, délicieusement manipulateur, nous réserve pas mal de surprises…que l’on découvre en même temps qu’Adam.
Un voyage inédit, on vous le promet !, dans la conscience humaine !
(Récit complet, 120 pages – Delcourt)