ALBUM. Alors qu’Alan Vega n’est plus et que Lydia Lunch reprend Suicide avec son rétrovirus, de vieux briscards arpentant le port du Havre ont parfaitement digéré l’influence du duo mythique pour perpétrer la tradition du rock’n’roll synthétique de ce côté-ci de l’Atlantique.
Un rock’n’roll froid, sombre et sensuel.
Autrefois duo, le groupe est passé trio avec l’arrivée d’un batteur pour remplacer la boîte à rythme du premier album. Entre nous, rien de bouleversant pour ceux qui, comme nous, appréciait déjà le Dick Voodoo. On retrouve toujours l’univers souterrain du groupe. Maxime, l’architecte de génie du son analogique, maître des synthés vintage, soutient la citadelle comme un Martin Rev version 3.0. Devant lui, Dave, le biker punk aux cheveux longs tient le crachoir (alors qu’il officie a la guitare chez The Patrons). Il n’a pas le charisme d’Alan Vega, mais peu importe, ces histoires nous tiennent en haleine. Et donc dorénavant, le nouveau, Speet Silex, pousse cet ensemble déjà grandiose à coups de rythmiques millimétrées.
Toute l’essence des années 80 se trouve ici upgradée. Et ce deuxième album qui sort chez Les Disques Mauvais Garçons nous rappelle combien ce groupe nous avait manqué (10 ans séparent les deux disques). Ces ambiances plombées comme un polar qui se déroulerait dans la brume des docs du Havre, entre les containers rouillés, la drogue et les flics en planque. Dave en commissaire un peu crapuleux, évidemment. Les Cramps en musique de fond et une soirée électro minimal en arrière plan. Leur paradis a eux. Un Hollywood à la sauce havraise, les palmiers remplacés par le béton du volcan. Mes ami.e.s qu’est-ce qu’on est content de retrouver ceux là après un si long silence.