BD. Quand Don Vega revient au pays (qu’il a quitté pour intégrer une académie militaire à Madrid quelques années plus tôt), il ne peut que constater les dégâts. Profitant du flou législatif qui règne en Californie (que le Mexique vient de perdre, après le Texas, et qui n’est pas encore devenu un état américain), le général Gomez, qui administre le territoire, et ses hommes ont fait main basse sur la plupart des terres de la région et, bien sûr, sur les filons aurifères. Dont les propriétés de la famille Vega! S’inspirant de mexicains tentant de résister à Gomez, Don Vega décide de revêtir lui aussi le maque de Zorro, le héros d’un conte populaire mexicain, pour redonner espoir aux opprimés…
Avec l’excellent diptyque Mon Traître/Retour à Killybegs (adapté de romans de Sorj Chalandon), Pierre Alary s’est mué en auteur complet, se chargeant du scénario, du dessin et même des couleurs! Un défi éprouvant mais auquel il a visiblement pris goût puisqu’il récidive avec Don Vega, librement adapté du roman de Johnston McCulley sorti en 1919. S’il a décidé de garder ce qui a rendu Zorro mythique: le masque, bien entendu, la signature en forme de Z à la pointe de l’épée et les combats, l’auteur a cependant voulu revenir aux sources de la légende en montrant que Zorro est apparu avant tout pour s’élever contre l’injustice et l’oppression et que Don Vega n’était pas seul dans ce combat car avant lui de simples paysans avaient aussi porté le masque noir, dans un geste, désespéré (certains ne savaient même pas se battre…), de révolte. Avec Alary, Zorro n’est pas un seul homme mais il devient, au contraire, une idée, un esprit, celui de la rébellion contre l’oppresseur et l’injustice. Une trouvaille scénaristique inspirée portée par le dessin toujours aussi agréable et convaincant d’Alary, aussi à l’aise dans les scènes d’action (et il y en a quelques unes ici) que dans les séquences plus intimistes. Une belle surprise que ce Don Vega qui rappellera peut-être leur enfance à certains!
(Récit complet, 96 pages – Dargaud)