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DRIVE WITH A DEAD GIRL five

Alors que nous découvrions il y a quelques mois les excellents Berline 0.33 de Lille, voilà que le collectif l’Antichambre dont ils font parti, nous livre à nouveau un secret bien gardé. Celui-ci se nomme Drive With A Dead Girl (tiré d’un épisode de Twin Peaks si mes souvenirs sont bons), et en est tout de même à son cinquième album. Pourtant sur le premier titre, Welkom, on se demande à qui nous avons affaire. Petit son, notes dépouillées, dissonances… tout est à deux doigts de s’effondrer, mais voilà que le chant féminin nous retient l’attention. L’ambiance se construit, un peu branlante. On commence à se faire embarquer. Nous voilà pas bien loin des années 80. On retrouve des réminiscences no-wave dans les guitares, façon early Sonic Youth, une impression post-punk dans ce chant qui alterne entre douceur mélodique et cris rageur. Et c’est bien cette chanteuse qui vous tient, comme hypnotisé. A jouer les équilibristes au-dessus du vide, sans aucune réserve, la demoiselle nous obnubile. Racontant ses histoires en anglais, ou dans une langue slave, avec un accent toujours improbable, elle mène la danse, sans maquillage, toujours à deux doigts de tomber, chancelante, mais ensorcelante. Prenant tous les risques. Tour à tour séduisante puis terrifiante. Derrière, les ambiances maltraitent, entre larsen expérimentaux et flanger cold-wave. C’est parfois limite techniquement, souvent bancal, car nous sommes ici à l’opposé des productions parfaites et édulcorées, mais l’histoire est là. Rien à faire. Ça a beau ne pas être toujours en place, certains passages étant même proche de la chute, il y a tellement d’émotions ici, que l’on tremble invariablement avec eux, comme une mère qui s’en ferait pour son enfant. Et c’est là toute la force de cet album inégal mais touchant. Mais alors pourquoi, avec une telle instabilité inconfortable pour l’auditeur, ces lillois ont-ils pondu un album d’un heure ? Question sans réponse, tant cette durée éprouvante est le principal défaut du disque. Dommage au vu des quelques titres dispensables. J’aurais personnellement arrêté le disque à Hug. Mais on retiendra surtout cette prise de risque si rare aujourd’hui, ces ambiances post-punk, cette décharge d’émotion troublante, et ce chant étonnamment captivant. Du coup, bien que très imparfait, ce groupe retient mon attention.

(album – autoproduction)

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