ALBUM. L’île de La Réunion avait La Diagonale Du Fou, les bordelais de Drunk Meat auront donc La Diagonale du Vide. D’un côté les masques à gaz et les vestes camouflages, de l’autres les tenues léopards et les lunettes de soleil noires. Une diagonale toute tracée entre l’Est de la Triple Alliance, ses bâtiments abandonnées et leurs caves froides, et les réminiscences d’une scène garage bluesy bordelaise. Au centre, les vestiges d’un Bérurier 84 plus Noir que nature. Le minimalisme a l’honneur (duo oblige). Seule la basse du synthétiseur viendra nous réchauffer le coeur pendant que le chant désabusé en français nous glace le sang. Evidemment, derrière, une boite à rythme répétitive martèle le rythme, et ce n’est pas quelques jolies guitares pleine de reverb qui nous sortirons du froid des blockhaus. Certains pourront regretter une façon de chanter un peu systématique qui, a force, risque de lasser. Mais un titre comme « Belle Personne », plus punk, vient à point nommer pour bousculer un peu la monotonie assumée. Une chose est sûre : « si c’est trop fort, c’est que t’es trop vieux ». Et puisque je parle de son, rendons hommage à Alexis Toussaint (enregistrement) et Seb Normal (mixage et mastering) qui ont parfaitement retranscrit l’univers de cette viande saoule (avec des basses puissantes, et des guitares bien enveloppantes). Un album définitivement flippant, et pourtant merveilleusement attirant.
(10 titres – A Tant Rêver du Roi)