BD. Janvier 81. David Prudhomme est face à des champs à perte de vue et son père lui annonce que c’est là, à Grangeroux, que leur maison va être construite et qu’ils vont vivre d’ici peu…A la campagne, pour avoir des chevaux, des poules et des dindons. Et un jardin. Un monde radicalement différent de celui de la ZUP de Châteauroux et ses bâtiments où ils vivaient jusque-là, à seulement 7 minutes en voiture. Un coin où David a grandi et où il a appris à avoir ses repères. Et où il est revenu régulièrement, d’abord seul, puis avec ses enfants, Léo et Joachim et son amoureuse, voir ses parents. Un coin qu’il a vu bien changer. Tout un lotissement a été construit autour de la maison. Juste à côté, la base américaine (les GIs US y sont restés de 1951 à 1967 pour gérer les entrepôts logistiques de l’OTAN pour toute l’Europe) où jusqu’à 10 000 personnes travaillèrent et vécurent, a été, plus tard, vendue, en partie, au diocèse pour y ouvrir un lycée technique catholique. L’aéroport est devenu un centre d’entraînement pour les pilotes des compagnies aériennes. Et plus récemment un grand projet industriel sino-européen, Eurosity, a été signé, les chinois promettant la création, à terme, de plus de 4000 emplois dans le coin.
Du Bruit dans le ciel n’est pas un récit autobiographique classique. Ambivalent, il met en scène, c’est vrai, les parents de l’auteur ainsi que la jeunesse de David Prudhomme mais raconte surtout ce village, Grangeroux, où il a grandi. Un coin tranquille, juste à côté de Châteauroux, comme il en existe beaucoup en province. Où certaines choses ne changent pas malgré le temps qui passe : le club de pêche du coin, fidèle au poste, les fromages de chèvre de la ferme Beaumont que ses parents vont acheter quand il leur rend visite ou le café restaurant Chez Valentin, qui continue de proposer son menu (œufs mayonnaise, steak-frites et petit pot de glace vanille/fraise) unique depuis 60 ans. Des repères rassurants pour Prudhomme dans ce monde complexe qui s’invite parfois dans la région. Comme quand les américains se sont installés dans la base (les anciens en parlent encore…). Ou quand les chinois ont promis monts et merveilles et que l’on a construit des rocades pour les accueillir…
D’un trait sobre et délicat rehaussé de gris et de jaune ivoire, le récit, entrecoupé d’articles de La Nouvelle République, le journal local, raconte, amusé, l’histoire des 40 dernières années de ce village et de ses habitants (dont le fameux “Shérif”, déjà présent dans L’Oisiveraie, paru en 2019 à L’Association) où Prudhomme revient régulièrement et livre, en creux, un portrait sensible et drôle (gamin, il était maladroit, ce qui lui a valu quelques mésaventures) de l’auteur des excellents Vive la marée !, La Marie en plastique (tous les deux avec Rabaté) ou Rébétiko.
(Récit complet, 208 pages – Futuropolis)