Album. Reprenant le nom de la célèbre actrice des sixties (icône de la Factory), Justin Moyer, meneur de jeu de quelques formations marquantes de ces dernières années (El Guapo, Antelope, Supersystem), s’amuse depuis la fin des années 90, sans pression ni contrainte… Dissimulé derrière son personnage de travesti déglingué, comme un Ziggy Stardust punk, Justin Moyer continu son exploration sans fin du groove bancal dont il est le maître. Maintenant que ses autres projets semblent définitivement terminés, le bonhomme peut se consacrer à son projet solo (qui somnolait depuis une paire d’années) et rejoindre l’écurie Dischord. Comme dans tous ses autres projets (l’homme semble ne vouloir / pouvoir faire que ça), Justin balancent ses petites bombes post-punk, dansantes et maladroites… La formule est toujours la même : des boucles dépouillées, répétitives, au groove improbable, basée sur des lignes de basses ingénieuses et un chant entraînant. Et le gars sait y faire. Invitation à la danse immanquable ! On y retrouve donc bien évidement un quelque chose d’Antelope (principalement) ou d’El Guapo. Mais on touche ici à la matière brute, sans arrangement, sans partage. Pas de musiciens pour agrémenter l’idée, pas de camarades pour transformer l’essai. Seul un Ian Mackaye discret à la production vient ajouter son nom au projet. Pour le reste, Justin Moyer fait tout, tout seul. Ne lui demandez donc pas trop de virtuosité, ni de mise en place particulièrement propre… Mais la nature de ce projet est ailleurs. Pas si loin du concept de l’art brut. Alors, c’est vrai que sur disque, on préfère les premiers essais d’Antelope (dont l’album nous avait par contre fortement déçus) ou d’El Guapo, mais on apprécie de retrouver cette touche si particulière. Et on est heureux de voir ce que donne le bonhomme sans retouche… un peu comme si nous assistions à une répétition de ses précédents projets. Un face à face qui, au travers de ses imperfections, apporte une vérité qui fait du bien. On sent qu’ici, Justin Moyer veut détruire certains clichés, aller à contre-courant (pas de ce qu’on attend de lui, mais de ce qui se fait en général), et ça ne peut que nous faire plaisir. D’autant plus que l’homme est un vrai showman qui rend les prestations scéniques d’Edie Sedgwick particulièrement fun ! Les amateurs du label Dischord pourront par ailleurs avoir la chance de croiser des membres de Beauty Pill ou de Medication à ses côtés, comme ce fut le cas lors de son passage en France le mois dernier. Dommage que tout cela reste si confidentiel !
(dischord)