BD. Depuis 3 ou 4 ans, Jean-Louis Tripp, auteur, entre autres, faut-il le rappeler, de l’extraordinaire Magasin Général, avec Loisel, s’est lancé dans une autobiographie un peu particulière puisqu’elle se concentre surtout sur la vie sexuelle (mais aussi amoureuse car les 2 sont, parfois, liées) de l’auteur ! Courageux de la part d’un artiste reconnu (il a obtenu pas mal de prix, notamment à Angoulême…) comme Jean-Louis Tripp. D’autant que notre homme y va franco, se mettant totalement à nu (c’est le cas de le dire…) dans Extases ! Dans ce second tome, il continue donc de nous raconter son parcours amoureux et sexuel. Sa découverte des partouzes, la fin de sa relation avec Caroline, son envie de liberté totale puis la dépression, inattendue, quand l’auteur s’est retrouvé pour la première fois seul. Les plans cul d’un soir, la volonté de ressentir encore l’amour “épique” puis la rencontre de Capucine sur un festival BD…
Vous l’avez compris, Extases n’est absolument pas une histoire pornographique même si vous y verrez des pénis en érection (ou pas), des vagins ou des cunnilingus en train d’être pratiqués. Pour l’auteur (qui le dit d’ailleurs dans sa préface), c’est un acte politique : l’affirmation du droit au plaisir ! Car si la sexualité et la nudité sont les choses les plus naturelles qui soient, la société et ses normes, la religion et notre éducation les rendent complexes et même tabous. Alors il faut du temps pour s’affranchir de ces interdits, pour écarter les a-priori que l’on peut avoir et mettre de côté l’éducation que l’on a nous a donnée. Il s’agit d’un parcours, qui prend plus ou moins de temps suivant les individus, pour découvrir sa sexualité et, surtout, tenter (certains n’y arrivent jamais…) de la vivre librement et totalement. C’est son parcours (chacun est bien entendu différent) que Jean-Louis Tripp nous fait découvrir ici. Et il est passionnant car il s’accompagne, en même temps, d’une réflexion sur l’Amour, la société, l’inconscient, l’éducation, la paternité, la fidélité, les relations hommes/femmes et beaucoup d’autre choses encore. Car la sexualité est liée à tout cela. Mais aussi parce que l’auteur fait preuve d’une incroyable inventivité pour mettre ce parcours en images. Le trait, parfaitement en place, est très agréable, avec ces lavis de gris qui viennent lui donner un relief bienvenu et on retrouve avec plaisir des nez et des bouches qui nous rappellent les personnages (Marie et Serge en tête) du Magasin Général mais ce sont surtout les trouvailles graphiques, parfois tout simplement géniales, de l’auteur pour illustrer ses réflexions ou sentiments ainsi que son art du découpage qui impressionnent ici et rendent le récit aussi vivant que captivant. Une série gonflée et brillante, tout simplement !
(Série, 368 pages pour ce tome 2 – Casterman)