ALBUM. Quand le riff de guitare déterminé et entraînant de Boy ouvre Void Moments, on se dit que Facs a peut-être décidé d’ouvrir un peu son art-rock expérimental pour le rendre plus accessible. Une impression trompeuse car le trio revient rapidement (dés la seconde partie du morceau en fait) au sillon qu’il creuse depuis maintenant 3 albums, soit, en gros, un post-punk sombre et inventif hérité de Disappears (le groupe avait disparu avec le départ de son bassiste Damien Carruesco en 2016 pour se consacrer à son projet solo Tüth et était devenu le trio Facs) qu’il fait évoluer entre noise-rock très personnel (les passages que l’on préfère…) et post-rock plus abstrait suivant les humeurs. Les morceaux sont répétitifs, les envolées pas si fréquentes, les variations parfois subtiles. Le genre d’album qu’il faut écouter plusieurs fois avant de pouvoir s’y retrouver et l’apprécier !
Les compositions s’appuient quasiment toujours sur la section rythmique, solide : un riff de basse minimaliste et une batterie particulièrement inventive qui laissent tout loisir à Brian Case de délivrer son chant souvent distant et désincarné et de distiller ses boucles de guitare basiques (plus des drones stridents que des riffs!) ou ses accords bruitistes inquiétants (qui prennent parfois des allures de complaintes…). Avec toujours cette grande importance accordée au son et aux effets (le groupe ne vient pas de Chicago pour rien…). Pour un résultat souvent hypnotique qui culmine parfois en une sorte de transe bruitiste improvisée (le « Did you record that ? » un brin anxieux du batteur à la fin de Version semble le prouver) menée par la batterie de Noah Leger. Complètement dans la lignée de ses prédécesseurs (l’un des morceaux de Void Moments s’intitule d’ailleurs Lifelike), Void Moments propose une musique qui a du caractère, à l’esthétique clairement revendiquée et qui offre des moments forts (Boy, dont on déjà parlé ou Teenage Hive, le morceau le plus accessible de l’album) tout en gagnant en consistance. Car si Lifelike avait du mal à tenir la distance, ce nouvel opus se montre plus homogène en terme d’inspiration. Ce qui le rend presque aussi enthousiasmant que ce que faisaient Case et Leger lors de leur période Disappears ! Et je peux vous dire que c’est un compliment !
(Trouble in mind/Differ-Ant)