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FEEL GOOD (Gunzig)

ROMAN. On avait déjà croisé le nom de Thomas Gunzig à plusieurs reprises…Son roman Manuel de survie à l’usage des incapables avait en effet été adapté en BD (sous le titre Le temps des sauvages) par Goethals. Et parce qu’il vient de cosigner (avec Van Dormael) le scénario du dernier Blake et Mortimer, Le dernier pharaon. Finalement, la sortie de Feel Good, son nouveau roman, tombait à point nommé, nous offrant l’opportunité de, cette fois, découvrir son travail de romancier. Un récit qui ne surprendra pas ceux qui ont lu Le temps des sauvages. Car Feel Good et son titre ironique est un roman des années Macron et du capitalisme sauvage capable de broyer les plus faibles et les plus malchanceux, qui met en scène des personnages, au premier rang desquels se trouvent Alice et Tom, qui aimeraient bien n’avoir qu’à traverser la rue pour trouver un travail mais qui n’y arrivent pas. Des personnages qui subissent les coups du sort de la vie (Tom va de déconvenue en déconvenue dans son travail et vient de se faire quitter par sa femme ; Alice, qui a perdu son papa d’un cancer foudroyant alors qu’elle était encore petite, est tombée enceinte avant que le père du bébé ne la quitte et vient de se faire licencier) jour après jour et qui se battent pour simplement survivre financièrement. Ecrivain raté, Tom répond à des sondages sur internet ou distribue des prospectus dans les boîtes aux lettres et Alice finit par mettre une offre de massage à domicile en ligne pour pouvoir payer les factures et nourrir son enfant…avant de kidnapper un bébé devant une crèche pour demander une rançon à ses parents. Ils vont se rencontrer et ensemble, ils vont faire un braquage culturel : écrire un roman feel good à succès, un livre rempli de bons sentiments, qui ne remet rien en question (et surtout pas la société dans laquelle on vit) et rassure le lecteur pour enfin sortir de la mouise…

Feel Good, avec sa satire sociale appuyée et sa critique des riches, n’est donc clairement pas un feel good book, pourtant il fait du bien au lecteur…à condition que celui-ci ne soit pas macroniste (ou sarkozyste…) et qu’il ne pense pas qu’aider des gens qui ont du mal à joindre les 2 bouts va en faire des assistés…Car il décrit à merveille la société égoïste et impitoyable dans laquelle on vit. Tout en brossant un portrait croustillant (et mordant) du monde de l’édition et en nous parlant, au passage, avec inspiration, d’écriture.

Très bien écrit (il y a, notamment, de très beaux passages sur les mystères de l’inspiration), Feel Good ne sera, a priori, pas le braquage culturel de cette rentrée littéraire. Trop piquant pour cela. Et c’est aussi pour cela qu’on l’a beaucoup aimé.

(Roman complet, 400 pages – Au Diable Vauvert)

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