BD. Etats-Unis. A force de cupidité et de mensonges, le capitalisme a fini par complètement dérégler le climat, entraînant des catastrophes naturelles en cascade. L’élection d’un gouvernement radical et une insurrection citoyenne ont ensuite plongé le pays dans la guerre civile et ont poussé un peu plus notre monde vers l’effondrement total. Après la mort de son compagnon lors d’une manifestation brutalement réprimée par les forces de police, une jeune femme décide de traverser le pays pour rejoindre les Rebels dans le Yukon, au Canada, et d’y mener une vie différente. Seule, elle va se retrouver face à elle-même avant de faire la rencontre d' »Elle », qui va la sauver et lui apprendre à survivre dans la nature…
Femme sauvage est un récit à première vue très sombre et désenchanté. Et je ne dis pas cela que pour le dessin charbonneux, réalisé aux fusains et crayons gras, incroyablement puissant, de Tirabosco, qui nous immerge d’emblée dans cette histoire singulière. Le propos l’est tout autant puisqu’il raconte la fin de notre monde. Conséquence, bien sûr, des actes de l’Homme avec lequel Tirabosco n’est pas vraiment tendre : « J’ai toujours pensé que les humains étaient une espèce toxique. Des super prédateurs. Les humains, à part tout bousiller et rendre le monde plus laid, je sais pas à quoi ils servent… » fait-il dire à son héroïne…Gouvernements fascisants élus, pollution et dérèglement climatique dû à l’inconséquence de l’Homme, capitalisme sans foi ni loi qui écrase les plus faibles pour que les plus aisés continuent à s’enrichir : la critique de notre société actuelle (le trait est juste un peu épaissi) de Tirabosco est sans appel, virulente. Mais un rayon de soleil, fragile mais bien réel, perce cette noirceur. Cet espoir est symbolisé par les Rebels et « Elle », géante mystérieuse (une sorte d’allégorie de la Nature), qui prend la jeune héroïne sous son aile, qui démontrent qu’une vie différente, respectueuse et proche de la Nature et des autres Hommes, est possible. Un récit d’anticipation écologique et anti-capitaliste habité, emprunt de philosophie amérindienne et magnifié par le travail graphique très personnel de Tirabosco. Gros coup de cœur !
(Récit complet, 240 pages – Futuropolis)