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FICHUE FAMILLE (van Dongen, d’après van Dis)

BD. Lui veut qu’on l’appelle monsieur Java, pour ses belles-filles il est monsieur Dadas et pour certains blancs Cacahuètes…La vérité c’est qu’il ne sait plus qui il est vraiment. Depuis leur rapatriement en Hollande après la capitulation du Japon, notre homme a du mal à trouver ses marques auprès de sa nouvelle femme. Il veut aller de l’avant mais ne parvient pas à oublier les Indes, son pays natal. Il voudrait travailler pour aider sa famille, en difficulté financière, mais en est incapable, malade des nerfs. Difficile d’oublier la guerre et les camps d’internement japonais…C’est dans ce contexte que « le gosse » grandit. Entre des sœurs à la peau noire, une mère qui a du mal à oublier son premier mari et un père bizarre. Pas étonnant que dès qu’il le peut, il s’échappe dans son monde avec son frère fantôme…

Fichue Famille est l’adaptation du roman autobiographique éponyme d’Adriaan van Dis, dans lequel l’écrivain brosse le portrait de son père, un hollandais d’Indonésie expatrié aux Pays-Bas. Pas étonnant que cette histoire ait trouvé un écho chez Peter van Dongen, lui qui a un père hollandais et une mère indonésienne…Pourtant, celui qui vient de rependre Blake et Mortimer (il a signé le dessin des tomes 25 et 26) a mis plusieurs années pour venir à bout de ce roman graphique. Peut-être parce qu’il en était trop proche émotionnellement. Peut-être aussi parce que la narration, particulière, de van Dis était difficile à traduire en langage séquentiel. Entre les souvenirs nostalgiques de monsieur Java qui l’emmènent, au premier prétexte, dans la jungle indonésienne à dos de cheval (sa grande passion) et les échappées imaginaires de son fils qui se rêve en pilote, secondé par son frère invisible, en guerre contre les russes (une grande menace, selon son père!) ou les grandes sociétés à qui monsieur Java écrit des lettres pour demander réparation, présent de narration et réalité dans la colonie convertie en habitations pour ces gens des tropiques ont en effet fort à faire. Le lecteur aussi qui aura peut-être un peu de mal à s’y retrouver dans cette narration originale et inventive (qui transmet aussi parfaitement les difficultés rencontrées par ce fils pour trouver sa place au sein de cette famille recomposée parmi laquelle le non-dit règne, notamment au sujet de ce frère caché dont il entend parfois parler derrière les rideaux) mais complexe s’il n’est pas familier de l’histoire de la colonisation hollandaise et du front asiatique de la seconde guerre mondiale. D’autant qu’elle est largement basée sur l’ellipse. Heureusement, le récit peut compter sur la fluidité du dessin ligne claire et la mise en couleur chaude très agréable de van Dongen.

(Récit complet, 128 pages – Aire Libre)

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