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FILLE, FEMME, AUTRE (Evaristo)

ROMAN. Fille, Femme, Autre est le huitième livre de Bernardine Evaristo, dont l’œuvre comprend, en plus de romans, du théâtre et de la poésie. Un récit qui ressemble à celui de la consécration pour cette auteure militante et activiste (elle a notamment cofondé Le Théâtre des Femmes Noires en 1982). Parce qu’il lui a valu, l’an dernier, l’une des récompenses les plus prestigieuses en Amérique, le Booker Prize, qu’elle partagea avec Margaret Atwood (c’est dire!). Et a été nommé fiction de l’année au Royaume-Uni. Et surtout parce que c’est un excellent roman ! Un récit choral qui fait entendre les voix de 12 femmes. Dont les témoignages se mêlent, se répondent, s’opposent, se font, parfois, étrangement écho sur près de 120 ans. Des femmes qui sont sœurs, amies, amantes et qu’une chose relie entre elles : la première d’une pièce de théâtre, La Dernière Amazone du Dahomey, au National Theatre de Londres. Des personnages âgés de 19 à 93 ans qui ont constamment dû se battre contre les a-priori des autres et les normes imposées par la société. Parce qu’elles étaient/sont noires au milieu d’une société (l’Angleterre ou les États-Unis) de blancs souvent racistes. Parce qu’elles étaient/sont lesbiennes dans une société majoritairement hétérosexuelle. Parce qu’elles étaient/sont des femmes dans une société patriarcale machiste. C’est leur combat qu’ Evaristo raconte. Un combat pour être libre et heureuse malgré tout. Malgré les amants qui les abandonnent une fois les avoir mises enceinte. Malgré les pères qui leur prennent leur bébé pour éviter la honte d’avoir une fille mère à la maison. Malgré l’obligation d’abandonner leur carrière professionnelle si elles voulaient avoir une famille. Une ode à la tolérance (Fille, Femme, Autre n’est pas anti-hommes ou anti-blancs!) portée par une écriture déstabilisante de prime abord car singulière, désireuse de s’affranchir des normes littéraires elle aussi, qui s’immisce tour à tour dans les pensées de chacun des personnages en bousculant syntaxe (sujets ou verbes sont parfois absents des “phrases”) et ponctuation (pas de majuscules ou de points pour délimiter le début ou la fin de quelque chose). Mise en page aussi, la prose se rapprochant parfois de la poésie à mesure que les mots prennent leur distance sur la page. Une oeuvre totale qui aborde les thèmes de classe, de racisme, de genre, de sexualité, d’héritage ou de normes avec intelligence et humanisme. Inventif, politique, fort, Femme, Fille, Autre va, à coup sûr, être l’un des romans de la rentrée !

(Récit complet, 400 pages – Editions Globe)

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