ALBUM. Noir, c’est clair que ce fleuve l’est. Comme une eau trouble qui coulerait dans une zone inconnue, loin de toutes civilisations. Dès « Jean Roulin », le premier morceau, les lillois nous entrainent dans un univers unique. Ça commence avec une ambiance sombre et flippante, à la limite de l’indus, rythmique implacable qui rentre (deux anciens Berline 0.33), guitare bruitiste, et le chant incantatoire d’un ex-Cheyenne 40, qui apporte cette touche tribale du plus bel effet. Les voilà partis pour une danse macabre, merveilleusement animale. Oubliez vos mélodies, Fleuves Noirs fait du sacrifice d’enfants un moment festif. Les codes explosent, la liberté s’impose. Fleuves Noirs sort ici un premier album marquant, sorte de post-punk tribal, d’indus organique. Une invitation à la transe chamanique, au bordel organisé. Et on y rentre avec plaisir, tournant sur nous-mêmes, perdant la tête, revêtus de nos capes noires, ne sachant plus ce qui est noise, indus ou post-punk ; entrainés dans des variations de 10 minutes (le terrifiant « Bambu con moto ») par le puissant courant de ce fleuve opaque. Une attitude qui rappellera sans aucun doute aux plus anciens les incantations de Kni Krick, en version contemporaine. Un premier album impressionnant.
(Jarane – Tandori – smart and confused – Etienne Disqs – Te Koop – Poutrage)