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FOURMIES LA ROUGE (Inker)

BD. 1er mai 1891. Beaucoup d‘ouvriers de Fourmies, des fileurs, des bobineurs, des soigneuses, des peigneuses, ont décidé de se mettre en grève pour défendre leurs droits et demander la journée de 8 heures. Les patrons ne l’entendent bien sûr pas de cette oreille et ont fait appel à la gendarmerie pour sécuriser l’entrée des usines. Mais quand les grévistes profitent de la pause de midi pour entonner des chants de protestation, les ouvriers qui sont venus travailler décident de les rejoindre. Des coups de pistolet sont tirés en l’air et les meneurs sont arrêtés. Ce qui ne fait qu’attiser la colère des manifestants…

Alex W. Inker avait probablement cette histoire en lui depuis longtemps. Cela se sent, cela se voit. Car comme il l’écrit dans le prologue de Fourmies la rouge, 2 fois par jour, quand il allait à l’école, gamin, il traversait la place où la fusillade a eu lieu. Une fusillade qui fît 9 morts parmi les ouvriers, dont sa famille était quasiment en totalité composée jusqu’à la fermeture des usines. Voilà pourquoi ce récit lui tenait à cœur. Raconter cette journée funeste où l’armée, sous la pression des patrons des usines, a ouvert le feu sur des ouvriers qui ne faisaient que défendre leurs droits. La chronique de morts annoncées (comme dans le roman de Gabriel Garcia Marquez, on sait dès le début que la fin sera brutale et tragique) qu’Inker raconte avec conviction et colère. Avec talent, il nous fait suivre la dernière journée de Maria, Kléber, Louise, Emile et les autres. Des dernières heures festives car le 1er de ce mois-là, les jeunes filles vont traditionnellement cueillir leur mai, comme de l’aubépine. Pleines d’espérance aussi car les ouvriers croyaient vraiment améliorer leur sort en obtenant davantage de droits, surtout des conditions de travail moins exténuantes. Tout en faisant ressentir la tension qui monte petit à petit, exacerbée par le mépris des patrons envers leurs ouvriers (la scène, révoltante, où ils croisent le petit Emile devant l’estaminet est à ce titre très forte), l’ignorance de certains soldats, lobotomisés par la propagande des patrons ou le refus du maire de libérer les meneurs à 5 heures comme prévu. Le tout menant inexorablement à l’impensable. Un roman graphique fort car particulièrement réaliste (Inker fait notamment s’exprimer les personnages en ch’ti) en forme d’hommage à ces ouvriers qui perdirent la vie pour avoir voulu un monde meilleur, mis en scène d’un trait direct, sans fioritures (il rappelle les illustrés de l’époque et parfois Tardi), simplement rehaussé de…rouge, forcément…

(Récit complet, 112 pages – Sarbacane)

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