Kamel vient de nouveau de se voir refuser un visa pour se rendre en France. Et dans quelques mois il doit faire son service militaire. Et ça, il n’en est pas question. Avec l’aide financière de son oncle, il entre en contact avec un passeur qui le fait embarquer le soir même à bord d’un cargo à destination de Marseille. Arrivé au port, il parvient à rejoindre la gare Saint-Charles. Là, les choses se compliquent : les policiers sont partout et ont déjà arrêté l’un des hommes qui était du voyage avec lui. Caché dans les toilettes, Kamel est découvert par le contrôleur du train. D’habitude, il ne fait pas ce genre de choses mais ce jour-là, Alain décide de fermer les yeux. Et arrivés à Paris, il aide même le clandestin à sortir de la gare sans encombre…
Guelma (Algérie)-Marseille-Paris-Aix-en-Provence-Paris (de nouveau)-Angleterre-Canada : de l’immigration clandestine, Piot et Vassant nous invitent à suivre les différentes étapes dans les pas de Kamel. Et à nous faire vivre, avec elles, les dangers de la traversée, le rançonnage du passeur, l’angoisse d’être arrêté, le mépris que les clandestins peuvent lire dans le regard des autres, l’exploitation par ceux qui les font travailler au noir, les quelques belles rencontres aussi. Comme si on y était ! Dans un récit qui prend des allures de thriller. Parce que Kamel est bien sûr constamment sur le qui-vive, obligé de se cacher dans des toilettes, de sauter dans un train à l’abri des regards, de se déguiser pour passer inaperçu ou de planquer dans un appartement en attendant de pouvoir rejoindre une connaissance. Mais aussi parce qu’un concours de circonstances allié aux stéréotypes de la police française va transformer son périple en incroyable cauchemar médiatico-policier.
Un très bon récit qui trouve dans le dessin de Vassant une mise en image idéal avec ce trait qui n’est certes pas techniquement irréprochable mais qui est spontané et libre (il n’y a d’ailleurs, symboliquement, pas de cases pour le contenir). Fort, réaliste et humaniste. Que les fans de Davodeau, Le Roy, Sacco ou Squarzoni (notamment…) vont à coup sûr apprécier.
(Roman graphique – Futuropolis)