Skip to content Skip to footer

FRISSON ACIDULE #4, LE FESTIVAL QU’ON ATTENDAIT

(Samedi 9 septembre 2023, au Kilowatt de Vitry-Sur-Seine)

Pour sa 4e année, le festival concocté par le collectif Arraches-Toi un Oeil a décidé de passer à la vitesse supérieure. Sans dérogé aux règles d’indépendances et de découvertes qui ont fait sa renommée dans les milieux alternatifs, le festival accueille cette année 33 groupes, sur 3 scènes. Rock en Seine n’a qu’a bien se tenir ! En ce samedi ensoleillé (la canicule est toujours de mise sur la région parisienne), on embarque donc direction Vitry sur Seine, pour se rendre au Kilowatt, superbe endroit, dans un coin paumé, avec pour seul voisin une ancienne centrale électrique.

On arrive tôt, sous un soleil de plomb, histoire de ne pas louper les parisiens d’Os Noctambulos, qui ont la difficile tâche d’ouvrir les festivités, sur la scène de l’Oasis, seule scène a demi-fermée, et sans aucun doute le lieu où il fera le plus chaud en ce samedi. Il y a déjà un peu de monde pour les soutenir quand le groupe commence. Et je dois avouer que leur rock psyché tendance sixties est parfait pour commencer cette journée. Le son n’est pas parfait (on n’entend guère la steel guitare au contraire de la basse qui surplombe l’ensemble), mais le chant de Nick Wheeldon suffit à nous entrainer dans leurs compos bien tripantes. Je valide.

Os Noctambulos
Lassolas

Le duo français Lassolas (comme le Puy du même nom) enchaîne à même le sol, devant la grande scène, en plein cagnard. Gros son de guitare, pour des envolées allant de la noise psyché au post-rock. C’est marrant de voir le guitariste en chaussette pour pouvoir changer les réglages de ces pédales en jouant. C’est bien fait, mais un peu violent après les chansons d’Os Noctambulos ! Et le soleil finit de m’achever.

J’en profite pour faire le tour des stands (Arraches-toi un Oeil, distros, label, et sérigraphie de T-Shirt) et dire bonjour aux copains / copines. Le site est vraiment classe, on s’y sent vite à notre aise, ni trop grand ni trop petit. Et l’organisation a fait vraiment du bon taf. Mais à force de rencontrer des gens qu’on connaît, on loupe la prestation d’Alexis Lumière.

Pas le temps de tergiverser, c’est déjà le concert de Spill Gold qui commence. Je vous avais déjà parlé de ces deux hollandaises lors de leur concert à Paris l’année dernière. J’avais déjà adoré, et je ne voulais pas loupé leur passage au festival, encore une fois sur la scène de l’Oasis (la salle de bal). Et j’ai l’impression que je ne suis pas le seul, car la salle commence a bien se remplir. J’adore leur son entre électro-dub et cold-wave / new-wave joué principalement avec des synthès analogiques, et une batterie (et quelques boucles lancées par pad). Le set est parfait, et les premiers rangs ne tardent pas à danser. Les tubes de leur album restent les maîtres du set, et les grosses basses continuent de nous enivrer. C’est la deuxième fois que je les vois, et je reste conquis.

Spill Gold

Après tant de douceur tout en rondeur, le son démoniaque des américains de Whores viennent remettre les pendules à l’heure sur la Grande Scène. Le son est tout simplement énorme. Et leur mélange de noise rock et de sludge envoie tout valdinguer. Sans aucun doute la musique à écouter quand tu es un poil énervé. On croirait que Motorhead à bouffé Steve Albini. Ça déménage sévèrement, avec une précision chirurgical. Etonnant d’écouter tant d’agressivité sous un ciel si bleu, mais je dois avouer que le trio arrive à me convaincre. On n’est pas là pour plaisanter, et c’est d’une efficacité incroyable.

On va ensuite reposer nos oreilles devant Chollers Division, ce groupe de rap/expé belge dont les deux chanteurs sont déficients mentaux. Ils avaient déjà joué au Sonic Fest je crois. Bon set, avec un rap malgré tout assez classique (et assez hardcore), si ce n’est les sons provenant des synthés, évidemment plus expés que les prods habituelles. Malheureusement, je n’entends pas bien les textes, ce qui enlève un peu à la performance. En tout cas, les deux chanteurs assurent.

Chollers Division
Movie Star Junkies

Pas le temps de reprendre des forces, les italiens de Movie Star junkies s’emparent de la grande scène. Je me souvenais d’un groupe un peu garage, assez sauvage, et je tombe sur un quintet de rock assez déglingue, mais plus trop garage. Ça joue, parfaitement avec deux guitares chiadées, et une basse qui envoie. Mais il faut surtout se faire à la voix du chanteur assez aigüe. Bref, ils jouent un rock vraiment ouvert, qui se permet des riffs de guitare funk autant que des avoinées punk soniques. Malheureusement, le guitariste devant moi a beau jouer pieds nus, et le chanteur donner de sa personne, je ne rentre pas complètement dans leur set.

Pas grave ça me permet une petite pause avant la déferlante d’Unlogistic. Cela fait longtemps que je n’avais pas croisé leur route, et je suis très heureux de revoir les copains. Le concert est encore dans la salle de bal couverte (l’Oasis). On sait déjà qu’on va cuire. Peu importe, on part devant la scène où il y a déjà quelques visages connus (on sa cale à côté de Mr Gwardeath venu de son sud ouest pour l’occasion), et où l’ambiance ne tarde pas à devenir électrique. Sur scène, il ne manque que Fab Process (pris par son travail) de la formation que je nommerais « principale » (Ophé, Thomas, et Fab donc), mais en dehors de la déception affective, le set n’en pâtit pas, et les brûlots hardcore typiques du groupe s’enchainent sans nous laisser respirer. La température monte. Comme d’habitude, les premiers rangs se transforment en pogo sauvage (et trempé). C’est la guerre mais tout le monde a le sourire, moi le premier. C’est la magie Unlo. Quelques faux départs habituels, un ou deux tubes melo, et le tour est joué. Toujours un super moment qui nous rappelle tant de souvenirs. Merci les copains, et fuck les J.O.

Nout

J’enchaine avec Nout, l’une des formations qui a surpris le plus de monde en ce samedi. En effet, le trio réunit une flutiste, une harpiste et une batteuse, pour une musique atypique et technique. Malgré l’instrumentation, les effets rendent l’ensemble terriblement bruyant. La flute se transforme en sons saturés, façons harsch noise, la harpe devient guitare électrique, la batterie technique entraine tout ce barda en terrain metal. Les riffs rappellent des combinaisons mathrock. Bref, le moins qu’on puisse dire c’est que Nout surprend. Beaucoup de gens sont impressionnés et le groupe fait jaser. Pas obligatoirement ma came, mais la performance est originale.

Je passe rapidement voir Mor et leur black metal. Pas fan du style, mais ça a l’air d’être bien foutu et efficace. Bon, je dois avoir les cheveux trop court pour vraiment adhérer. Du coup je pars voir France qui jouent au fond sur la mini-scène de la Disco Mobile (que je n’aurais pas trop vu jusqu’ici). Le set met un peu de temps a commencer, et un paquet de monde vient s’entasser pour voir le groupe en vogue. Un peu de maquillage, un batteur au centre de la scène, et, dans le public, le bassiste et le joueur de vielle à roue. C’est la première fois que je les vois. Le set commence bien, joli son de basse, rythme qui tourne, et ambiance étrange créée par la vielle à roue. Il y a quelque chose de presque dub, et de clairement chamanique. Ici une seule note de basse sera jouée à l’infini. Principe de trans primitive enclenché. Avis aux amateurs de trip digne des derviches tourneurs. Au bout de 30 minutes répétitives, je décroche.

Je commence à sentir la journée et ces 34°C. C’est que nous y sommes depuis 8 heures maintenant. Mais ce n’est pas le moment de se laisser aller, puisque les copains de Frustration commencent leur set sur la Grande Scène. Toujours un plaisir de revoir leur bouilles. Ils ont l’air content d’être là, d’humeur cabotine. De son coté, le public répond présent, et devant, comme toujours ça ne tarde pas à danser plus ou moins calmement. L’ambiance est festive, et des titres comme Excess continuent de prouver leur efficacité, tandis que la superbe guitare de We Miss You me procure toujours quelques frissons. Mais la grande particularité de ce set sera la présence en nombre de nouveaux morceaux. Normal, le groupe sort tout juste d’enregistrement pour son futur album. Le public semble accueillir cela sans sourciller, et sans baisse de régime. De mon côté, est-ce la fatigue de la journée, la configuration ou les nouveaux morceaux, et l’absence de quelques grands classiques (même si No Trouble et l’ultime Blind étaient de là partie), je suis un peu moins rentré dans ce concert qu’à l’habitude. Peu importe, leur performance reste malgré tout un très bon moment du festival.

Frustration

Il reste encore La Race et Neptunian Maximalism, mais nous sommes plusieurs à ne plus avoir d’énergie… il faut encore repartir dans nos banlieues nords… Les plus courageux reviendront demain pour d’aussi belles aventures.

De notre côté, on rentre en se disant que Gaspard et Emy d’Arraches Toi Un Œil ont vraiment fait un superbe boulot. Un tel festival sans pub, sans sponsor, et sans grosse tête d’affiche est un bel exploit, et un superbe message : une autre vision des choses est possible. Un grand merci pour ça.

photos : Mr Rage

Frustration

Leave a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.