BD. Ciro est un pro. Toujours élégant, que ce soit dans sa façon de s’habiller ou de travailler. Il croule sous les contrats à honorer car sa réputation n’est plus à faire. Il faut dire qu’il a commencé tôt. Il n’était encore qu’un petit garçon quand il a tué son premier homme à Naples. Argent, femmes, puissance : Ciro se sentirait presque immortel s’il n’y avait ces saignements de nez nocturnes et ces cauchemars. Et s’il n’y avait d’autres gars comme lui. Aldo, par exemple, engagé par une autre famille mafieuse pour le tuer…
Pour son retour au thriller (difficile d’oublier 5 est le numéro parfait, que l’auteur a d’ailleurs adapté récemment au cinéma), Igort a écrit un scénario sur mesure à son compatriote Serio. L’histoire d’une rencontre entre deux tueurs. A la narration sèche. Sans fioritures. Pas de dialogues. Des récitatifs qui vont à l’essentiel. En peu de mots. Laissant beaucoup de place au travail graphique de Serio. Cela tombe bien : il est magnifique ! Réalisé aux crayons de couleurs, comme Mattotti ou Macola, d’autres italiens, il illumine ce récit pourtant sombre. Par sa poésie. Sa justesse. Et sa force d’évocation. Et entraine le lecteur dans cette histoire finalement classique de mafia italienne mais racontée avec beaucoup de singularité. Car au bout du compte ce sont les deux personnages principaux, Aldo et Ciro, qui intéressent les auteurs. Davantage que leur « travail » d’ailleurs puisqu’on ne les voit pas vraiment à l’œuvre.
Un thriller atypique, donc, visuellement superbe et à la narration particulière mais qui manque tout de même un peu de consistance pour réellement marquer.
(Récit complet, 88 pages – Futuropolis)