ALBUM. Attention : Gilla Band n’est pas un nouveau venu dans le monde de la musique indé. C’est juste Girl Band qui a changé de nom, trouvant le précédent trop ambiguë. Most Normal est donc bel et bien le troisième album des irlandais. Un nouvel album au titre totalement trompeur car « des plus normale », la musique de Gilla Band ne l’est pas vraiment, même si cela reste subjectif, bien sûr. Dès le premier morceau, The Gum, qui a visiblement pour fonction de nous mettre au parfum, on comprend d’ailleurs que nos tympans vont déguster et que notre système nerveux va être mis à rude épreuve. Bruitiste, sans concessions, éprouvante parfois (Capgras est difficilement écoutable en entier, soyons francs…) : on a là affaire à de la noise, certes mais pas à de la noise bas du front. Non, au contraire, la noise de Gilla Band est posée et réfléchie, voire cérébrale. Elle a des désirs d’expérimentation, met souvent en avant les rythmiques (comme sur Ben Liner Fashion), s’ingénie à trouver des sons improbables, cherche à ne pas utiliser la même recette plusieurs fois et fait de l’ingénieur du son, Daniel Fox, quasiment un membre du groupe à part entière. Car son rôle, au niveau du mixage notamment (un peu comme sur les deux derniers Low), est ici primordial pour agencer hurlements, larsens et autres bruits stridents ou bourdonnants que les mecs sortent de leurs instruments. Un album clairement singulier et pas vraiment facile d’accès (ce n’est pas le genre d’album à mettre lors d’un premier rancard…), vous l’avez compris. Bref, il vaut mieux savoir où on met les pieds quand on s’aventure sur les terres de Gilla Band…
(Rough Trade)
