Ah le retour de Godspeed You! Black Emperor, 10 ans après, a dû en alimenter des conversations dans les rédactions et les salles de concerts. Après avoir travaillé à d’autres projets (solos ou collectifs), la bande à Efrim Menuck a donc décidé de rejouer et enregistrer ensemble. Et pour connaître un peu la philosophie du collectif et de son label Constellation, il ne fait aucun doute que seules l’envie et la sincérité ont été à l’origine de ce nouvel album. Rebaptisé God’s Pee (la pisse de Dieu en français…), le groupe démontre d’emblée, avec ce nom, qu’il n’a rien perdu de sa capacité de provocation et d’engagement (que l’on retrouve aussi dans les messages politiques disséminés sur le digipack comme “Fuck le plan nord” ou “Fuck la loi 78” –cette dernière, présentée par le gouvernement Charest, visait à encadrer et surtout restreindre le droit de manifester suite aux grèves initiées par les étudiants il y a quelques mois au Québec, protestations civiques auxquelles God’s Pee rend d’ailleurs un bel hommage en concluant “Mladic” par un concert de casseroles…).
De bonne augure avant de passer à l ‘écoute du premier morceau ! Un “Mladic” qui voit les canadiens mettre tout le monde d’accord en 20 minutes de tension, de colère et d’énergie. Un Godspeed, ou plutôt God’s Pee désormais, des plus furieux et enragés. L’un des titres les plus noise du groupe avec ses couches de guitare superposées (dont Mogwaï est aussi friand) conférant une incroyable puissance à l’ensemble et son riff central hypnotique et ensorcelant, comme pour montrer qu’Allelujah, le messie du post-rock est de retour. Les 3 autres morceaux (2 interludes grinçants et bourdonnants à souhait de 5-6 minutes encadrant une autre pièce, également inspirée et plus mélodique, de 20 minutes) poursuivent la petite leçon de noise symphonique made in Montréal et nous obligent à écouter l’évidence en face : le groupe reste vraiment LA référence du genre !
(Album – Constellation)