ALBUM. C’est déjà le quatrième album que sort Godspeed You ! Black Emperor depuis son retour aux affaires en 2012. Un G_od’s Pee AT STATE’S END ! qui confirme que le collectif canadien a encore beaucoup de choses à dire (ce qui n‘est pas banal, pour un groupe instrumental, il faut l’avouer…). Il n’y a pourtant pas vraiment de surprises sur ce nouveau LP. Comme pour les précédents albums « post-réunion », on trouve ici 4 morceaux (bien entendu enregistrés à l’hotel2tango) : 2 longues pièces musicales de près de 20 minutes organisées autour de plusieurs mouvements qui alternent avec 2 morceaux plus courts, de 6-7 minutes chacun. Sur lesquels le groupe montréalais continue de creuser ce sillon si personnel (qui mêle captations radio, bruits parasites, field recordings, guitares, violon, orgue, section rythmique…) farouchement indépendant (rappelons que le groupe, à l’instar de Dischord, a fondé son propre label, Constellation et a créé un studio, qu’il met à la disposition des autres groupes indépendants montréalais), sans se soucier des modes ou des critiques (on avait espéré faire une interview du groupe à l’occasion de cette sortie mais Godspeed n’en donnera pas…). A défaut de trouver mieux, on dira que c’est du post-rock. Du post-rock mâtiné de drones et joué avec une énergie punk, celle de la protestation anticapitaliste, qui ne dédaigne pas quelques envolées orchestrales plus lyriques. Même l’emballage est du pur Godspeed : un digipack en carton recyclé sobre mais qui a du style et qui rappelle ici ou là l’engagement politique du groupe (le dernier morceau s’intitule Our Side Has to Win…). Si l’album ne surprendra donc pas ceux qui connaissent déjà le collectif (les autres, chanceux qu’ils sont, prendront une grosse claque…), il les enthousiasmera ! Car Godspeed propose certainement ici quelques-uns des meilleurs morceaux (ou mouvements) composés depuis leurs débuts en 1997. On pense par exemple à la première moitié de Government Came et aux guitares très complices de Michael Moya et Efrim Menuck, vraiment belles et touchantes. A cet orgue omniprésent joué par Sophie Trudeau qui mène A Military Alphabet jusqu’à son climax avant une deuxième partie plus calme et triste, presque blues pour le coup. Ou au sobre et dépouillé Fire At Static Valley, avec ses arpèges de guitares pleins d’écho carrément envoûtants, juste soutenus par un violon shoegaze plaintif et un beat de grosse caisse. Un album magnifique, clairement moins enragé et punk que certains de ses prédécesseurs mais plus subtil et mélancolique, que le groupe devrait (les dates ont été annoncées mais le conditionnel reste de mise…) jouer sur scène au printemps en Europe !
(Constellation Records)