BD. Pour avoir essayé de chasser Ours-qui-se-tient-debout avec un autre garçon, Woan a mis son clan Apache en danger. Le conseil des sages a donc décidé de le bannir. Seul dans une nature hostile, Woan va pourtant décider de vivre. C’est son histoire qu’il nous raconte ici : comment il a survécu, sa rencontre avec Go Khla Yeh, qui n’était pas encore Geronimo, avec lequel il participa à un raid contre les yeux clairs, son attirance pour la belle Inès, son amitié avec des blancs pas comme les autres, Tom et Jerry ou la révolte avec son peuple, méprisé par les Anglos, pour s’enfuir de la réserve où on les avait parqués et retrouver les montagnes de leurs ancêtres…
De Jim Cutlass (avec Charlier et Giraud) à W.E.S.T. (en collaboration avec Dorison et Nury) en passant par les plus récents Indians et Go West Young Man, (deux livres collectifs dirigés par Tiburce Oger), le western a résolument marqué la carrière de Christian Rossi, qui rêvait d’Amérique en regardant les films de John Ford le dimanche après-midi sur l’unique chaine de télé quand il était enfant. Il n’est donc pas vraiment étonnant qu’il y revienne mais, cette fois, en auteur complet. Au travers de Woan et de sa trajectoire singulière (d’abord destiné à vivre une existence solitaire de banni, il rencontrera Geronimo, participera à des raids avec lui et deviendra un brave parmi les braves Apaches grâce à son courage), ce récit initiatique est l’occasion pour l’auteur de revenir sur l’histoire dramatique des Amérindiens, en prenant pour exemple les Apaches, pris en étau, qui s’est de plus en plus serré à mesure que le temps passait, entre mexicains au sud (dont des chasseurs de scalps et des “marchands” sans foi ni loi) et Anglos, prêts à tout pour faire main basse sur leurs terres riches de fer jaune, au nord avant d‘être privés de leurs territoires et d’être parqués dans des réserves, interdits de faire ce qui est l’essence même de ce qu’ils sont : chasser ou danser…
S’étalant sur une cinquantaine d’années et mêlant Histoire et fiction (certains personnages comme Woan ont été inventés pour l’occasion) mais aussi réalité et légendes (Rossi prête ici des pouvoirs surnaturels à Geronimo…), Golden West est, avant tout, un magnifique hommage au peuple Amérindien, à son courage et à ses croyances. Ainsi qu’à la beauté des terres qu’Usen avait créés pour eux, ici magnifiée par le superbe travail graphique (un trait délicat au pinceau et des couleurs à l’aquarelle somptueuses qui captent avec talent la lumière souvent écrasante du sud des Etats-Unis) de Rossi, aussi à l’aise pour mettre en scène la beauté que la violence, pour célébrer la vie ou la mort. Très recommandé !
(Récit complet, 168 pages – Casterman)