BD. Dans les années 70 au Canada. Un couple décide d’aller construire une maison à la campagne pour y vivre avec leurs 2 enfants. Mais les choses ne se passent pas comme prévu (l’entrepreneur, notamment, est alcoolique…) et ils atterrissent finalement dans un bungalow sans charme qui n’a pas eu le temps d’être terminé. L’ambiance à la maison devient pesante. Les disputes entre les parents sont de plus en plus fréquentes et leurs deux garçons sont heureux de pouvoir s’en échapper (leur père a décidé que l’école était un lien de perdition -il y a de la drogue et du sexe- et qu’ils feraient leur éducation à domicile…) pour aller découvrir leur territoire : la nature, vaste, environnante. Et ils ont du travail pour le protéger : des pelleteuses ont fait leur apparition pour construire de nouvelles maisons. Et il y a aussi cette idiote de Nathalie, la voisine, véritable empêcheuse de tourner en rond…
C’est sur sa propre histoire qu’Yvon Roy, illustrateur et auteur canadien, revient ici. Sur cette période fertile en découvertes qu’est l’adolescence et qu’il a vécu à la campagne québecoise. Une période qui aurait pu simplement consister à se battre avec les autres garçons, à construire des igloos avec son frère, à voir des femmes nues dans les magazines et à tomber amoureux des voisines. Si ses parents n’avaient traversé une grave crise dans leur couple qui rendit leur mère malheureuse et violente…
Yvon Roy mêle tout cela, le léger et le grave, le drôle et le triste, dans Graines de bandits. Et porte un regard qui reste, malgré tout, bienveillant (dans une scène, il fait dire à Nathalie qu’ « on ne peut pas aimer quand on est malheureux », façon de montrer qu’il a pardonné à sa mère), à l’image du trait tendre de l’auteur, sur cette période où l’on cherche et se cherche. Dans les livres, pour son frère ou dans la religion, pour l’auteur. Une évocation sympathique, qui sonne juste grâce à des dialogues très naturels et à de belles trouvailles scénaristiques, comme les fantasmes du narrateur qui jalonnent le récit.
(Récit complet, 192 pages – Rue de Sèvres)