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GRAMERCY PARK (de Fombelle/Cailleaux)

BD. 1954. Une française, ex-danseuse, sur le toit d’un gratte ciel new-yorkais. Un filet de protection sur la tête, elle s’occupe de ses ruches. Et observe aussi. Beaucoup. L’appartement, quelques étages en dessous, en face. Celui de Monsieur Day, organisateur de combats de boxe et gérant de clubs de musique. C’est pour cela que Madeleine vient tous les jours sur son toit…
La vengeance d’une femme. Certes, le thème n’est pas nouveau mais son traitement vintage qui renvoie aux films noirs américains des années 50 (Cailleaux avoue d’ailleurs s’être inspiré d’Audrey Hepburn pour son héroïne) auxquels Gramercy Park rend clairement hommage ne manque pas de charme. Pour sa première incursion dans l’univers de la BD, le romancier Timothée de Fombelle livre un scénario emprunt de mystère qui fait de constants allers et retours entre New-York et Paris, entre présent et passé, pour peu à peu éclairer le mystère de ses personnages abîmés, rongés qu’ils sont par la douleur et l’absence. Madeleine. Day. Que tout sépare. Mais qu’une petite fille lie tout de même.
Un récit à l’ancienne, où la violence est davantage suggérée que montrée, que Cailleaux a pu mettre en images avec une grande liberté. Alternant passages contemplatifs (quand Madeleine épie Day ou le suit à l’hopital Hudson River le dimanche matin) et scènes d’action (un enquêteur planque également devant l’appartement de Day afin de réunir assez de preuves pour le faire tomber), il livre de son trait fin et délicat (qui rappelle celui d’Igort) rehaussé de fusain estompé et de quelques couleurs une belle partition graphique qui souligne la fragilité et la mélancolie des personnages et porte idéalement ce Gramercy Park au final surprenant. De la belle ouvrage.

(Récit complet, 104 pages – Gallimard)

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