LOW LIFE + OI BOYS + ENTRACTE TWIST
(Paris, Petit Bain, lundi 11 juillet 2022)
Sur le papier, l’orga Buddy records et Petit Bain tapaient fort. Trois groupes intéressants, dont deux groupes bien en vogue en ce moment, et trois visions des années 80 différentes. Comme la température en ce début de semaine caniculaire, on était chaud bouillant. Et nous n’étions pas seuls, puisqu’environ 300 autres amateurs de musiques sombres s’étaient donnés rendez-vous en ce lundi soir.
Les parisiens d’Entracte Twist ont la difficile tâche d’ouvrir le bal. Mais, le groupe se produisant rarement réussit à attirer curieux et fans, et les embarquer dans sa new-wave en français, typique des années 80. C’est très bien fait, mais le début du set me laisse un peu de marbre. Ça manque de force, de vie ou de saleté. Les guitares sont très en arrière, pour ne pas agresser, et le basse-batterie fait le boulot un peu seul. Mais ne soyons pas méchant, si je m’attendais à un peu plus de leur part (le disque m’avait laissé un bon souvenir), c’est vraiment bien foutu. Froid, des textes en français qui fonctionnent (là aussi, on repart direct dans les années 80), des morceaux bien composés. Je préfère bizarrement quand le second guitariste troque sa guitare pour un saxo baryton. Les morceaux prennent une autre envergure, s’étoffent, et j’adhère un peu plus à leur machine à remonter le temps. Une bonne mise en bouche, so eighties.
Les seconds viennent de Metz, et après les avoir loupés lors de leurs deux derniers passages à Paris, j’étais curieux de voir ce que les Oi Boys donnaient sur scène. Prenant exemple sur leur réussi premier album, le groupe démarre avec « La liste ». Et dès que les premières paroles se font entendre, « Tu la gardes pour toi, tu la gardes pour toi », les fans leurs font écho. C’est l’une des forces des textes en français, le public comprend mieux et reprend plus facilement les refrains. D’autant que la musique des Oi Boys, si elle n’a que peu d’éléments réellement oï, gardent tout de même certains codes du style avec notamment des refrains faciles à chanter en choeur. Bref l’ambiance se libère d’un coup après le set plus en retenu d’Entracte Twist, et on sait de suite qu’on va prendre un plaisir immense. Ce petit côté punk qui nous manquait nous arrive direct dans la tronche, plus encore que sur disque, avec une énergie et une bonne humeur communicative, et son lot de tubes imparables. Tout le premier album y passe, avec cet équilibre étonnant entre romantisme cold et vocaux punk oï. Le groupe balance deux nouveaux morceaux, qui me semblent plus punk eux aussi. Toute la salle danse, ça slamme, ça rigole. Sur scène c’est pareil, les gars se marrent, en mode branleurs, et, malgré des compos sombres, créent une ambiance excellente. Le groupe poussé par son public va donner un rappel… en reprenant le premier morceau car ils n’ont pas d’autres titres ! Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas entendu celle là ! Bref, un sans faute pour ce groupe qui ne fait pas toujours l’unanimité, mais qui fait de plus en plus parler de lui, à juste titre. Ce sera pour nous, le concert de la soirée.
Pourtant après Oï Boys, les têtes d’affiche viennent de loin. Sydney, Australie pour être précis. Et elles sont aussi très attendues. Low Life, avec trois albums au compteur, a fait sa place dans l’univers post-punk et maîtrise son sujet. On y retrouve un quelque chose de Total Control, en plus musclé, plus lourd. Mais le groupe se fait attendre. Le public se rassemble devant une scène désespérément vide. Après la décontraction des Oï Boys, ça fait un peu star. Passons. C’est la première fois que je vois les australiens et le groupe ressemble étrangement à un groupe de hardcore. En effet, je n’avais jamais fait gaffe, mais les membres viennent surtout du hardcore, et cela va se sentir ce soir. Gros son lourd, chanteur à l’attitude héritée du hardcore… leur post-punk est livré avec son lot de testostérone. Je ne m’y attendais pas, mais ils tiennent parfaitement leur truc. Le public s’est rajeuni devant la scène. Là encore, Pogo, slamme, et bonne humeur (malgré la musique toujours aussi sombre). Après deux groupes, leur gros son va malheureusement avoir parfois tendance à me fatiguer un poil, mais les principaux tubes m’embarquent comme il faut, impeccables, comme les nombreux fans qui prennent leur pied devant. Un dernier titre et c’est malheureusement fini, sans rappel.
De mon côté, je repars prendre mon métro avec un morceau des Oi Boys en tête… et je me répète que Buddy records fait vraiment de biens belles affiches ! Merci les gars.