BD. Prévu comme un one-shot, Go west young man, sorti en 2021, n’en finit plus de faire des petits, si bien que ce troisième opus intègre désormais une série qui accueillera, c’est déjà acquis, un tome 4, en novembre prochain, on imagine. Gunmen of the West suit bien entendu le même principe : Tiburce Oger se charge du scénario, découpé en histoires courtes reliées entre elles par un fil rouge. Un fil rouge (une montre à gousset) qui fonctionnait très bien dans Go west young man mais qui a eu plus de mal à tenir en haleine dans son successeur, Indians. Tiburce Oger a dû tenir compte de cette petite faiblesse : dans Gunmen of the West, le narrateur (à qui Paul Gastine a donné les traits de l’acteur américain John Goodmanson, une belle idée) est un armurier qui voit débarquer, pistolet au poing, un hors-la-loi dans son magasin. Pour gagner du temps (un peu comme dans Les 1001 nuits mais en moins sensuel…), il commence à raconter des histoires à l’assaillant, des histoires d’armes et de hors-la-loi. Celle de Billy the kid, dont on ne saura jamais réellement si Garret l’a effectivement tué ou non. De Moses Stegall qui réussira à mettre lors d’état de nuire les frères Harpe, qui avaient brutalement assassiné sa femme et son bébé grâce à la patience et à la ruse. De Tiburcio Vasquez, traité comme un voyou par les américains alors que lui considérait qu’il était sur ses terres, la Californie, un personnage qui a inspiré le célèbre Zorro…Ou encore de John Sontag, qui s’était spécialisé dans l’attaque de trains après des déboires avec la Southern Pacific pour qui il avait travaillé (il y perdit une jambe mais la compagnie refusa de le dédommager). Un choix narratif pas vraiment nouveau mais qui fonctionne bien. Les trajectoires (tirées de faits réels) de ces outlaws sont mises en images par l’équipe habituelle d’Oger puisqu’on retrouve Bertail (qui nous en met une nouvelle fois plein les yeux), Rossi (avec un dessin rehaussé de peintures encore bien chouette), Gastine (qui ouvre et ferme, comme de coutume, le récit), Meynet ou encore Toulhoat. Mais Gunmen of the West accueille cependant trois nouveaux : le grand Vatine, Carloni ainsi que Dumontheuil, dont le dessin pourtant peu réaliste trouve ici parfaitement sa place grâce à un petit tour de passe-passe scénaristique d’Oger, qui tentent eux aussi de montrer que le terme de « hors-la-loi » était très subjectif (un esclave en fuite était un hors-la-loi…) dans l’ouest américain du XIXe siècle ! Un bon cru, en tout cas, que ce Gunmen of the West. On commence à prendre goût à ce petit rendez-vous automnal que Tiburce Oger nous fixe depuis maintenant deux ans…
(Récit complet, 112 pages – Grand Angle)