BD. On le sait bien, c’est l’occasion qui fait le larron : alors qu’il a des mecs pas très catholiques aux trousses, Lucien, un homme de main aux manières peu raffinées, se voit offrir l’occasion de prendre la place d’un curé qui doit prendre un poste à Saint-Claude dans le Jura. L’endroit idéal pour se faire oublier ! L’habit ne fait peut-être pas le moine, pourtant tout le monde accepte Lucien, enfin « Père Philippe », comme le nouveau prêtre. Ses méthodes sont certes un peu étranges (sa première messe ne dure que 10 minutes…) et ses homélies étonnantes (« Dieu est noir », lance-t-il à ses ouailles après avoir vu un documentaire sur la matière noire sur Planète + la veille) mais l’église n’a jamais été aussi remplie le dimanche matin. Lucien découvre aussi qu’un curé, de par son statut, peut changer le cours des choses. En bien. Serait-ce le début de la rédemption pour notre homme ? Ça en a tout l’air sauf si la bande à José retrouve la trace de celui qu’ils pensent être Philippe pour se venger de son oncle…
Jacky Schwartzmann, romancier, avait déjà fait une incursion dans la bande dessinée avec Stop work, chez Dargaud aussi, que Morgan Navarro s’était chargé de dessiner. Notre homme a dû y prendre goût puisqu’il y revient avec ce scénario surprenant et haut en couleurs, l’imposture du très rock’n roll Lucien débouchant, bien sûr, vous vous en doutez, sur quelques scènes loufoques, voire surréalistes, truculentes mais pas toujours très crédibles, par contre, il faut bien l’avouer. Mais ce premier tome d’Habemus bastard (référence à la phrase prononcée quand le nouveau pape est élu, « Habemus papam ») se lit malgré tout avec plaisir, d’autant qu’il est dessiné avec inspiration par Vallée. Les réactions des uns et des autres à l’arrivée de ce prêtre « moderne », les réflexes conservateurs des habitants ou encore l’importance du marché : le dessinateur reconstitue ici la vie d’une petite ville du Jura avec beaucoup de justesse et de vraisemblance, un brin d’ironie aussi…Et propose un découpage dynamique ainsi que des cadrages originaux parfois détonants (on pense notamment à la dernière scène…).
Suite et fin de ce bon polar déjanté qui cible l’Eglise en octobre prochain avec la sortie du tome 2 !
(Récit en 2 tomes, 88 pages pour ce tome 1 – Dargaud)