ALBUM. Depuis plus de 40 ans qu’ils sortent des albums, les Half Japanese ont toujours décontenancé. Mêlant blues, folk, jazz, indie-rock et d’autres choses pas vraiment répertoriées encore, leur musique est en effet assez inclassable. Et ce Jump Into Love prouve que ce n’est visiblement pas prêt de changer. D’ailleurs, avec un morceau d’ouverture tel que It’s OK, qui fait penser aux givrés de Black Midi, l’auditeur ne pourra pas dire qu’il ne savait pas où il mettait les pieds. Délirant, avec son chant de psychopathe et ses cuivres décalés, le titre annonce en effet la couleur : pour ceux qui ne le savaient pas encore, il faut s’attendre à tout avec la bande à Jad Fair, même à des morceaux d’indie-rock « normaux » (We Are Giants). Poser un disque de Half Japanese sur sa platine, c’est comme partir en terre inconnue, pour un voyage musical dont les paysages peuvent changer à chaque virage, le groupe semblant continuellement avoir besoin de nouveaux défis pour avancer. A la première écoute, tout cela déstabilise, bien sûr, d’autant que les titres ont souvent un côté bancal déroutant, les américains aimant les associations d’instruments surprenantes comme cet accordéon qui dialogue avec une basse menaçante sur The Answer Is Yes ou encore ce piano jazzy associé à une guitare noisy sur Jump Into Love. Sans parler des synthés parfois incongrus que l’on retrouve un peu partout. Et pourtant cela marche la plupart du temps, les morceaux tenant miraculeusement debout. Miraculeusement ? En apparence seulement, bien entendu, car derrière tout cela il y a bien évidemment le savoir-faire du groupe et un vrai sens de la composition.
Singulier, inventif, délirant parfois (l’espèce d’impro garage psyché Shining Stars), cet album de Half Japanese (qui fait parfois penser au dernier Black Lips) vous oblige une nouvelle fois à sortir de votre zone de confort musicale… Rafraichissant !
(Fire Records)
