COMICS. Après une soirée arrosée pour oublier sa présentation ratée lors d’un symposium scientifique, le docteur Harleen Quinzel tombe par hasard sur le Joker et ses sbires dans les rues de Gotham. Le malfrat au sourire légendaire la menace de son revolver mais l’épargne…Disons plutôt qu’il lui laisse la vie sauve car il fait ensuite de ses nuits un enfer ponctué des mêmes cauchemars dans lesquels le déséquilibre malsain de Gotham vient la hanter. Quelques jours plus tard, la fondation Wayne (derrière laquelle se cache Batman…) lui octroie une bourse pour financer ses recherches sur l’absence d’empathie chez les criminels. Elle commence donc à se rendre à la prison d’Arkham pour des entrevues avec les prisonniers. Et elle sait que tôt ou tard il lui faudra parler avec le plus célèbre d’entre eux, récemment arrêté par Batman et arrivé le même jour qu’elle : le Joker ! En espérant qu’il aura oublié son visage d’ici là…
Si le récit prend bien sûr appui sur l’univers du Joker et de Batman, Stepjan Sejic’ a imaginé là un récit autonome en 3 chapitres qui raconte l’histoire de Harleen Quintzel et de sa rencontre avec le Joker qui la fit devenir la célèbre Harley Quinn (qui avait d’ailleurs déjà eu droit à sa propre série il y a longtemps de cela…) en quelques mois. Comment ? En la prenant à son propre piège. En la manipulant pour lui faire croire qu’elle avait une chance de le sauver et de le sortir des ténèbres si elle lui tendait la main. Et en la séduisant pour qu’elle tombe amoureuse de lui…
Stepjan Sejic’ parvient à faire ce que l’on attend d’un auteur en pareil cas : réussir à se fondre dans un univers déjà existant (il n’oublie d’ailleurs pas de faire ce que les fans espéraient peut-être le plus : faire intervenir Batman -dont on aime beaucoup la vision de l’auteur- mais aussi Robin et les supervilains célèbres comme Poison Ivy, Freeze ou Killer Croc ou ponctuer le récit de blagues dont le Joker a le secret) tout en faisant preuve de personnalité, notamment en proposant, en filigrane, une réflexion, déstabilisante, sur la frontière entre folie et normalité ou ce que l’on est parfois capable de faire par amour. Et côté dessin, cette intégrale est tout simplement un régal. Comme souvent avec le comics américain, le découpage est hyper dynamique et inventif et le travail graphique de Sejic’ est vraiment magnifique (à l’image de la couverture, très réussie, qui montre bien l’ambivalence des sentiments qui habitent Harleen/Harley), aussi à l’aise dans les séquences d’action que dans les scènes plus intimes. Se lancer dans ce projet était un vrai défi et Sejic’ l’a relevé avec brio !
(Intégrale, 224 pages – DC Comics)