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HOMICIDE, Une année dans les rues de Baltimore (Squarzoni)

Jeudi 4 février 1988. L’inspecteur Pellegrini prend des notes sur son carnet. Cette scène de crime, c’est lui qui en est responsable. Elle lui appartient car il est le premier inspecteur à être arrivé sur les lieux. C’est l’usage à la brigade des homicides de Baltimore. Même si, en l’occurrence, il aurait peut-être préféré que ce soit Landman ou Edgerton qui en héritent. Car ce qu’il a sous les yeux est à vomir. Une gamine, Latonya Wallace, à qui l’on a infligé des coups de couteau à l’abdomen avant de l’étrangler. Et peut-être de la violer…

Voici donc le nouveau projet de Philippe Squarzoni : adapter le livre de David Simon, Homicide, une année dans les rues de Baltimore (qui avait d’ailleurs été la source de la série tv, excellente, The Wire, Sur écoute en français, qui se concentrait quant à elle davantage sur les gangs trafiquants de drogue), en 5 tomes. Comme son nom l’indique, le reporter y raconte son année (1988) passée en immersion à la brigade des homicides de Baltimore. Et c’est bien sûr ce qui fait toute la différence avec les séries (que ce soit en bd ou à la tv) policières habituelles : point de sensationnalisme ou de spectaculaire ici, Squarzoni (et il respecte, ce faisant, à la lettre l’ambition de départ de Simon) s’attachant avant tout à décrire de l’intérieur le fonctionnement de la brigade. A commencer par la façon dont on mène, pas à pas, une enquête, bien sûr. Ainsi que les erreurs à ne pas commettre. Mais pas seulement. Car l’auteur, pour nous permettre de parfaitement comprendre l’état d’esprit dans lequel ces flics travaillent, fait des parenthèses régulières dans l’enquête pour rappeler le contexte, particulier, de la ville, les décisions prises par leurs supérieurs (concernant la légitime défense par exemple) ou les cadences de travail qu’on leur impose (dans une ville qui recensait 2 meurtres tous les 3 jours, les semaines à 120 heures de travail n’étaient pas rares).

Vous ne trouverez donc pas de courses poursuites en voiture spectaculaires ou de batailles rangées hyper violentes en pleine rue ici (le travail graphique, parfaitement maîtrisé, de Squarzoni -qui se rapproche ici logiquement du comics, avec ce trait précis et cette mise en couleur informatique- se veut d’ailleurs le plus sobre et le plus réaliste possible), pourtant cette série est captivante. Fruit d’un gros travail d’observation et de recherches, elle donne en effet l’opportunité rare de plonger au coeur du travail de ces flics américains. Après Saison brune, Squarzoni est parti pour nous livrer une nouvelle grande série!

(Série en 5 tomes – Delcourt)