BD. Quand César se réveille un beau matin, il y a un chien au pied de son lit. C’est d’ailleurs lui qui l’a réveillé en lui léchant les orteils…L’homme n’a aucune envie de garder le cabot d’autant qu’il a d’autres soucis en ce moment, notamment un bras gauche qui ne veut plus bouger. Mais alors que l’on parle à la télé d’un homme qui a péri dans l’incendie de sa maison, il voit une photo du défunt avec son chien. Le même qui le suit depuis le matin. Aidé de son voisin Alex, qui n’a, tout comme lui, pas grand chose à faire de ses journées, il va tenter de voir si son maître a de la famille ou un voisin qui pourrait récupérer l’animal.
Un décor urbain gris et morne ; un rythme lent, à l’image du quotidien des protagonistes, de gentils losers ; un collègue qui a l’air louche quand on l’interroge ; une voisine qui vit sous son jardin dans un abri antiatomique et vous reçoit un M16 au bras ; une brochette d’experts (un médecin, un rhumatologue, un neurologue) qui ne trouve pas d’où vient cette paralysie du bras et Elvis qui apparaît ici ou là dans son costume blanc : voilà les ingrédients qui constituent Hound Dog, récit fort singulier. Une sorte de chronique sociale qui met en scène des gens qui vivent seuls, des losers qui picolent et fument des joints à la maison car ils n’arrivent pas à s’adapter à la société qu’on leur propose et qui mute progressivement en roman noir. Un récit qui impressionne par la maîtrise de sa narration qui installe un rythme particulier, le découpage s’attachant à des détails a priori secondaires (une bouteille de whiskey, la pluie qui tombe, le chien qui fait sa toilette intime…) mais qui sont en fait très révélateurs de ce que ressentent les personnages et permettent d’installer cette ambiance désenchantée, même glauque, par moments (on pense à ce chien attaché au pied de l’immeuble de César qui passe son temps à aboyer…) et son travail graphique, un trait solide et affirmé rehaussé d’aplats de noir et de couleurs dans des tons automnaux.
Surprenant, sombre et teinté d’étrange : Hound Dog, signé Nicolas Pegon, un jeune auteur découvert par Ugo Bienvenu (il a sorti son premier récit, Les Os creux, le tête pleine sur sa propre structure, les éditions Réalistes) résolument à suivre, est un récit qui a du chien !
(Récit complet, 200 pages – Denoël Graphic)