BD. Il y avait bien des indiens dans Go west young man, le premier recueil d’histoires courtes imaginé par Tiburce Oger mais ils n’étaient que certains des protagonistes de la conquête de l’ouest que contaient le scénariste et ses amis dessinateur invités à la mettre en images. Son succès, critique et commercial (50 000 exemplaires vendus à ce jour), ont donné l’occasion à notre homme d’en faire les héros de son nouveau recueil justement intitulé Indians. En quelque sorte l’autre face de la même pièce, comme il le dit lui-même. Déjà parce qu’Indians suit le même principe que Go west young man : il est constitué de récits courts reliés par un fil rouge : un aigle (un animal sacré pour les Amérindiens) qui commente ce qu’il voit depuis le ciel et mis en scène par des dessinateurs invités, certains déjà présents sur Go west young man (Bertail, Blanc-Dumont, Labiano, Meynet, Rossi ou Toulhoat) et des nouveaux venus (Astier, Bazin, Derib, Hirn ou encore Lauffray), mélange parfait de pointures du 9ème Art et de dessinateurs prometteurs. Mais aussi parce que si Indians revisite peu ou prou la même période, il le fait, cette fois, comme son titre l’indique, du point de vue des autochtones, les fameux mal-nommés “indiens”. Et les 16 récits reviennent donc sur les aspects prépondérants de la culture amérindienne (leurs croyances, les hommes médecine, l’importance du bison dans leur culture ou leur façon de vivre en harmonie avec la nature) ainsi que sur des épisodes clés de leurs relations avec les blancs (les batailles marquantes, les massacres brutaux de certains des leurs, les marches de la mort, la trahison systématique, par les Américains, des traités signés…). Globalement, cela fonctionne moins bien que sur Go west young man, certains récits étant un peu convenus ou ayant un air de déjà-vu. Mais également parce que le fil rouge narratif, cet aigle qui livre ses commentaires, quasi-philosophiques, est clairement moins habile (il faut dire que l’idée de suivre l’histoire de cette montre à goussets à travers les décennies était brillante) que celui qu’Oger avait trouvé dans son livre précédent. Indians reste malgré tout un bel hommage aux peuples autochtones américains et un travail de mémoire toujours aussi nécessaire concernant ce véritable génocide perpétré en Amérique. Sans parler, bien sûr, du plaisir de se mettre sous les yeux les dessins de Bertail (qui a ici abandonné son brou de noix pour des couleurs vives), Labiano, Jef, Rossi, Bazin, Gastine ou encore Toulhoat pour ne citer que ceux que l’on a préféré.
(Recueil d’histoires courtes, 120 pages – Grand Angle)