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ITALIA 90  Living Human Treasure

[ALBUM] Coupe du monde de football 1990. Italie. Les spécialistes de ce sport s’en souviennent comme l’une des pires coupes de l’histoire. Peu de buts, et beaucoup de violence. Le décor est planté. Ajoutez le look de Les, le chanteur aux docs montantes et bretelles de skinhead, et vous aurez vite fait de les ranger dans une tradition punk anglaise. De fait les racines du groupe se nourrissent allègrement de cette période. Pourtant ce serait une grave erreur de les limiter à cela. Les quelques singles sortis montraient déjà toutes les ressources de ce groupe londonien et de son guitariste peu orthodoxe. Ce premier album, tant attendu, enfonce le clou en imposant ce jeune quatuor comme l’un des groupe du moment.

En effet, derrière cette façade punk, et cette voix qui te prend à la gorge, et qui leur va d’ailleurs à ravir, le groupe s’amuse à brouiller les pistes, et pioche tout azimut dans les musiques underground. Certains y entendront une approche très post-punk (un disque de PIL doit trainer quelque part dans le studio), quand d’autres parleront d’approche noise, à cause de ces pulsions soniques, de ces mélodies broyées, et de ses ambiances bruitistes bien loin de tout académisme. Le tout est passé dans le mixer post-punk du groupe et garde une cohérence digne des plus grands.

Après le sombre et introductif « Cut », l’excellent « Leisure Activities » vient étayer mon propos. Tout y est. On prend le temps, avec cette longue intro et ce rythme de batterie répétitif, on déroule l’air de rien, on flippe un peu, on écoute les textes de Les, et boum la guitare te saute au visage, le pétage de plomb débarque, la pression explose. Coup de latte parfait. 

La suite se lance direct dans la bataille avec le tout aussi réussi « Magdalene », en tension retenue, puis deux titres plus anciens, le superbe « Competition » (qui s’étire tout de même sur 7 minutes) et le plus direct « New Factory » qui nous avait déjà fortement impressionné à l’époque de sa sortie (ou lors de leur concert avec Frustration, que nous avions vu quelques jours avant le premier confinement). 

Italia 90 jouent autant avec les clichés de certains styles qu’ils s’amusent à les réinventer, quitte a aller à contre courant. La guitare joue ainsi les troublions en travaillant avant tout des ambiances, plus que des mélodies, elle sort de son rôle habituel et prend une place importante dans la personnalité du groupe (au même titre que la voix).

C’est ainsi toujours le basse-batterie qui tient la structure des morceaux, leur donnant une stabilité rampante, une assise très post-punk (« Funny Bones »), tandis que la guitare tricote ses ambiances, et que la voix ramène le tout dans une déclaration punk à l’anglaise.

C’est peut-être le seul reproche que nous pourrions leur faire. Sur la durée d’un album, un ou deux titres plus directs n’auraient sans doute pas fait de mal. « Tales from Beyond » place bien le groupe dans la lignée de ses contemporains post-punk, mais quelques brûlots plus juvéniles auraient mis en relief les titres plus bizarres que le groupe affectionne et qui semblent clairement devenir sa marque de fabrique.

Mais ne faisons pas les rabats-joie, ce premier album est excellent, et « Harmony » le titre final avec sa petite mélodie de guitare merveilleuse restera longtemps dans ma tête. En plus, comme s’ils venaient de m’entendre, le titre finit en attaque punk sans fioritures.
Du grand art.

(11 titres – Brace Yourself Records)

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