BD. A cause de sa blessure à la tête, Karl ne sait plus qui il est ni d’où il vient. Par contre, ce qu’il sait, c’est qu’il a survécu à cette pandémie, le méta-virus, qui a décimé la Terre entière. Depuis, il erre dans ce décor apocalyptique fait de voitures abandonnées et de cadavres pourrissant, à la recherche de nourriture et d’eau. Et d’autres survivants aussi. Même s’il ne sait pas sur qui il peut tomber…
Winshluss, qui est aussi musicien et plasticien, ne sort que peu de livres. Mais à chaque fois ils marquent les esprits, comme Pinocchio, Fauve du meilleur album à Angoulême en 2009. C’est une nouvelle fois le cas de J’ai tué le soleil, récit post-apocalyptique grinçant qui détonne par son ironie et son humour noir. Mais ça, le lecteur ne s’en rend compte qu’après, une fois la lecture de J’ai tué le soleil largement entamée. Car d’abord, il a l’impression de lire un roman graphique survivaliste plutôt classique, avec ce héros, l’un des tout derniers survivants de la race humaine, qui doit se battre seul contre les éléments (il fait très chaud et l’eau est devenue une denrée rare), les animaux, redevenus maîtres de la planète et lui-même (seul et entouré de macchabés, la folie le guette parfois…). Avant d’apprendre les raisons de son amnésie et qui est véritablement Karl…Par l’entremise d’un flash-back qui fait l’effet d’un coup de poing à l’estomac !
Un récit manipulateur, superbement dessiné par Winshluss (qui mêle ici les techniques pour rendre le récit le plus fluide possible), qui doit beaucoup à sa construction narrative particulièrement habile. Du genre à vous laisser groggy une fois le livre refermé.
(Récit complet, 200 pages – Gallimard)