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JOURNAL 4. Les Riches heures (Néaud)

BD. Arrêtée brutalement en 2002 pour raisons financières (paru chez Ego Comme X, le récit ne se vendait pas assez bien pour permettre à Néaud d’en vivre) et éthiques (que l’on peut résumer par la question suivante : « Peut-on tout dire dans un récit autobiographique sans faire de mal à ceux que l’on représente à ses côtés ? »), Journal est en train de connaître une seconde vie grâce à David Chauvel, directeur de collection chez Delcourt, qui a proposé à son auteur de le republier en 3 gros tomes avant de sortir sa suite, encore inédite, début 2023, intitulée Le Dernier Sergent. Et on ne peut que s’en réjouir tant Journal avait marqué le monde de la BD à sa sortie. A l’époque (on parle là de la fin des années 90), l’autobiographie n’était pas encore « à la mode ». Et cette façon crue, radicale, jusqu’au-boutiste (Néaud ne fait aucun compromis avec son Art) de se raconter avait été un choc artistique.

Dans ce tome 4, intitulé Les Riches heures et qui couvre une période allant d’août 1995 à juillet 1996, Fabrice Néaud va mieux. Sentimentalement et sexuellement ce n’est pas encore ça (difficile d’avoir une vie affective épanouie quand on est homosexuel et que l’on vit dans une société ostensiblement hétérosexuelle) mais le premier tome de Journal a enfin paru chez Ego Comme X et a connu un beau succès critique. Surtout, l’auteur ne se sent plus seul. Il a une vie sociale excitante, entre les sorties du Poney Club (le surnom qu’il a donné, avec ses amis, à leurs sorties au bar) et les émissions radio du « ‘nard à l’orange ». Un contexte favorable qui l’encourage forcément à se lancer à corps perdu dans la suite de son autobiographie même s’il doit, en chemin, faire quelques mises au point (sur les festivals ou lorsqu’il est invité à la radio pour en parler) sur ce que Journal est ou n’est pas. Une période plus faste que Néaud raconte de son dessin réaliste en noir et blanc habituel : un trait fin et précis, très expressif, qui propose parfois des portraits criants de vérité, chargés de désir, par exemple, quand Néaud dessine ceux dont il tombe amoureux (toujours des hommes inaccessibles car hétéros…). Au service d’une narration inventive, parfois poétique, pas forcément toujours facile d’accès puisque l’auteur y incorpore régulièrement ses réflexions philosophiques sur l’Art, la vérité ou la représentation. Et où l’on croise l’équipe d’Ego Comme X ou d’autres auteurs en devenir comme Denis Bajram ou Christophe Bec. Place maintenant au Dernier Sergent !

(Série autobiographique en 3 tomes, 224 pages pour ce dernier tome – Delcourt)

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