BD. Enzo est tueur à gages. Et comme il est muet, son principal commanditaire, le Touriste, est sûr qu’il n’ira pas raconter ce qu’il sait…Cette fois, il l’a chargé d’une mission particulière : amocher à l’acide Annie Wong, une cantatrice à succès, fiancée de Mon-Sik, pour faire comprendre à ce dernier qu’il doit se retirer de la course à la mairie de Chogsu Siti. Mais quand Enzo se rend compte qu’Annie est la voix de la chanson qu’il écoutait avec sa mère, petit, et qui tourne en boucle dans son walkman depuis sa mort, il ne peut se résoudre à lui faire du mal et la mission prend alors une tournure complètement inattendue…
Après Jacques Damour, adaptation d’une nouvelle de Zola, Gaël Henry revient dans un autre registre, avec Kill Annie Wong, toujours chez Sarbacane. Cette fois, il met en scène un scénario de Swann Meralli qui lui a concocté un récit noir, un brin décalé mais noir tout de même. Dans cette mégalopole coréenne, la violence est en effet partout. Dans les rues, où beaucoup vivent dans la misère ; dans la police, dont les manières de gérer les manifestations sont particulièrement brutales et jusqu’à la mairie, où l’on est prêt à faire appel à un tueur à gages pour mettre les autres candidats sur la touche…Pas étonnant qu’elle s’immisce même dans les relations : Mon-Sik bat Annie et la mairesse profite de sa position pour faire pression sur Cheong le flic…Et c’est paradoxalement (il est quand même tueur à gages à la base…) Enzo qui va faire preuve d’humanité. Avec Annie bien sûr. Une humanité qui perce grâce à la musique et donc à l’Art, tout un symbole bien sûr…
Le scénario de ce polar n’est certes pas vraiment original mais la narration de Gaël Henry fait preuve d’une belle maîtrise (de courts flash-backs interrompent parfois le récit pour éclairer la trajectoire d’Enzo) et la mise en images, qui a de la personnalité, est efficace. On passe un bon moment.
(Récit complet, 208 pages – Sarbacane)