BD. Kill tête de chien est en pleine chute libre vers le lac d’acide qui dissout tout. Heureusement pour lui, il se réveille juste après avoir été avalé et digéré par le poisson géant qui peuple ses eaux. Pourtant, assis dans son lit, il n’a pas vraiment les idées claires, se demandant s’il est bien dans la réalité. Il ne reconnait par exemple pas sa nouvelle assistante Anna (qui est surtout là pour le protéger de tous les ennemis qu’il a pu se faire à cause de ses frasques sexuelles. Kill a été élu quatorze fois d’affilée meilleur amant intermondial…) et n’a aucune idée de son emploi du temps du jour…Peut-être, tout simplement, parce qu’il n’est pas vraiment éveillé…
L’Incal n’en finit pas d’inspirer. Si Jodorowsky avait déjà à plusieurs reprises puisé dans l’univers qu’il avait créé avec Moebius pour développer des séries autour de certains de ses personnages, comme le célèbre Métabaron, ce sont cette fois les américains Thomas et Woods à qui l’on a proposé de se plonger dans L’Incal. Et c’est sur le personnage de Kill tête de chien qu’ils ont jeté leur dévolu. Un personnage secondaire qui était “en pleine action” avec une aristocrate quand il a fait son apparition dans la série. Cette fois, il a le premier (mais pas le beau) rôle. Car certains de ses bâtards, fruits de ses nombreuses aventures, entendent profiter du coma dans lequel il est plongé après avoir été victime d’une tentative d’assassinat pour entrer dans son cerveau et s’immiscer dans ses souvenirs pour récupérer le fric que leur père leur doit, selon eux. Mais ce qu’ils y trouvent n’est pas vraiment ce à quoi ils s’attendaient…
L’univers de L’Incal, vaste et déjanté, offre une infinie de possibilités. Woods et Brandon l’ont bien compris et s’en donnent à cœur joie dans ce récit totalement psychédélique et débridé qui s’emploie à montrer que les apparences sont parfois trompeuses. La narration, oscillant continuellement entre fantasmes et réalité, n’est pas toujours facile à suivre, c’est vrai mais le scénario est par contre original, et surtout, il surprend régulièrement. Et le dessin de Woods, techniquement impressionnant, très comics américain (notre homme a travaillé sur Superman ou Deadpool), est particulièrement vivant (comme souvent dans le comics, le découpage est hyper dynamique) et précis. Un récit sympa sans être vraiment marquant qui nous offre le plaisir de retrouver Résurrection-Allée, la cité-puits, John Difool (qui ne fait, en fait, qu’une rapide apparition…), bref l’univers de L’Incal, le temps d’un one shot !
(Récit complet, 112 pages – Les Humanoïdes Associés)