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KROMA (De Felici)

COMICS. 1263 âmes. C’est tout ce qu’il reste de l’Humanité. Qui vit recluse derrière les murs de la cité pâle, où tout (y compris les fruits et les légumes) est recouvert d’une fine couche d’argile. La couleur doit être évitée à tout prix ! Elle est synonyme de danger. De mort. Car les démons, les monstres au dehors ne perçoivent que les couleurs, pas le noir ni le blanc. Ainsi l’a décidé le roi des couleurs qui siège dans la montagne. C’est en tout cas ce que le Makavi enseigne à la population et aux Makkas, ses élèves. Mais Zet, l’un d’entre eux, a des doutes, notamment parce qu’au cours de la cérémonie de l’œuf noir, il a croisé les yeux du monstre qu’ils relâchent symboliquement pour le chasser de nouveau toutes les 10 lunes, des yeux qui ressemblaient à ceux d’un enfant…

Voilà 15 ans que l’histoire de Kroma trotte dans la tête de Lorenzo De Felici. Cela a commencé quand il a débuté dans la bande dessinée en tant que coloriste. Le sujet, la couleur, l’a tellement passionné qu’il a voulu en faire une histoire. Qui a mis du temps à se décanter et à être acceptée par une maison d’édition, qui, au début, n’en voulaient pas. Et quand le projet a finalement été validé, Robert Kirkman (le scénariste de The Walking Dead) a contacté De Felici pour lui proposer de travailler avec lui sur sa nouvelle série, Oblivion Song…Au contact de Kirkman, Kroma a de nouveau largement évolué, prenant un tour plus réaliste, plus adulte aussi. Le récit était enfin mûr pour paraître ! C’est sa version intégrale (il est d’abord paru aux Etats-Unis chez Skybound, le label de Kirkman, sous forme d’un prologue et de 4 épisodes) que vous allez découvrir ici. Un récit réellement envoûtant. Parce qu’il est visuellement magnifique : le jeu sur le contraste entre les couleurs et le noir et blanc est particulièrement réussi et le trait de De Felici est tout simplement virtuose. Dynamique, vivant, expressif, il a tout pour lui et porte admirablement l’histoire. Et parce que son intrigue est aussi inventive qu’inspirée. Poétique et allégorique, elle nous parle en effet des barrières et des peurs que l’on, la société, via la religion par exemple (“les histoires sont les barreaux d’une cage”) ou soi-même, érige parfois autour de nous et qui nous empêchent de vivre. Un très beau récit, d’une grande maîtrise graphique et narrative, au message puissant et fort : sortons définitivement des ténèbres pour vivre pleinement !

(Récit complet, 224 pages – Skybound/Delcourt)

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