BD. Certains livres ont des histoires plus compliquées que d’autres. Ils résistent, font des détours, se perdent parfois, en mer pour La Baleine bibliothèque, avant que les vagues ne les ramènent sur la plage. Pour que leur scénariste les retravaille afin qu’un autre dessinateur (ce récit avait été écrit pour David Merveille originellement…) puisse leur donner vie. Avec beaucoup de spontanéité et d’envie, des aquarelles pleines de bleus et des crayons de couleur. C’était la seule façon pour Judith Vanistendael (dont on avait beaucoup aimé David, les femmes et la mort et Les 2 vies de Pénélope) de saisir la poésie de La baleine bibliothèque. Cela n’a pas empêché la baleine de mourir, tuée par les chasseurs alors qu’elle attendait, l’aube passée, le facteur qui devait revenir la voir pour lui rendre le livre, L’Ile de Gorée, qu’il lui avait emprunté. Le facteur qui était au chevet de sa femme en train d’accoucher de son premier enfant…Avec la baleine, c’est la bibliothèque, et la poésie du monde, que les chasseurs ont aussi tué ! Qui, désormais, lira des histoires, le soir, au clair de lune, aux petits poissons, aux dauphins et aux pieuvres ? Cela peut être vous si vous le voulez…
Voilà un récit atypique, hybride dans sa forme puisqu’il mêle cases et narration illustrée et se trouve à mi-chemin entre livre jeunesse et bande dessinée. Un conte contemporain qui joue avec la langue (« les faits d’âme », « les livres, épuisés, avaient fini par s’échouer ») pour mieux souligner l’importance des mots et des livres pour l’Homme. Qui nous parle aussi d’Amour, des beautés de la nature et de partage. Et nous transporte ailleurs, au creux des vagues, le temps d’une lecture enthousiasmante !
(Récit complet, 80 pages – Le Lombard)