RECUEIL. Invité d’honneur de la cité internationale de la bande dessinée, Alfred a reçu carte blanche pour investir Angoulême et son agglomération pendant plus de 4 mois. Le nom de cette manifestation extra-ordinaire ? La belle saison. Une belle saison qui a vu (et verra puisqu’elle se poursuit jusqu’à fin juin, heureux angoumoisins) Alfred faire des expositions, des concerts dessinés, réaliser un conte musical, proposer des lectures dessinées et même un cycle de films italiens. Une proposition qui ne pouvait qu’enthousiasmer l’auteur, qui se nourrit justement de ces sorties hors piste, de ces collaborations trans-disciplinaires, de ces défis qui lui permettent d’expérimenter, de se mettre en danger artistiquement parlant et, in fine, de repousser un peu plus loin les limites de son Art. Il fallait, bien sûr, garder une trace de cette carte blanche. D’où l’idée de ce livre qui regroupe des dessins réalisés lors de cette période. Et qui démontre la liberté artistique totale que s’octroie Alfred. Aquarelles, encre, crayons, craies grasses : l’auteur s’essaie à toutes les techniques graphiques, pour éviter l’ennui et “continuer de grandir”. Il en va de même pour les thématiques abordées, Alfred pouvant partir dans tous les sens, surtout lorsqu’il dessine dans ses carnets, moments où il “laisse venir ce qui vient, sans y réfléchir, sans le contrôler, sans contrainte, ni objectif”. Une écriture automatique qu’il nous est donné de voir ici. Dans les autres parties du livre, accompagnées, ici ou là, de petits textes d’Alfred dans lesquels il livre, sans en avoir l’air, quelques confidences (sur son enfance, ses parents, la période difficile qu’il a traversée -il ne pouvait plus dessiner la moindre chose…), la nature et les femmes sont cependant à l’honneur. On y trouve également une superbe galerie de portraits de réalisateurs italiens des années 60-70 (Ferreri, Scola, Fellini, Pasolini…).
On aime beaucoup ces livres libres qui ne sont pas des bds mais qui racontent cependant beaucoup leur auteur. L’occasion précieuse de les voir, eux et leur travail, sous un jour différent. Des recueils qui éclairent leurs récits passés et à venir (Alfred met la dernière main à son nouveau roman graphique, Senso, qui paraîtra également chez Delcourt en septembre) d’une lumière nouvelle.
(Recueil, 80 pages – Delcourt)