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LA BRUTE ET LE DIVIN (Chemineau)

BD. Depuis le temps qu’elle pensait à ce retour à la nature, Eva a finalement décidé de franchir le pas : sa candidature pour une mission du ministère de la transition écologique vient d’être retenue et elle démissionne donc de son poste d’ingénieure. Son nouveau job ? Vivre en totale autonomie sur une minuscule île du Pacifique et y remettre en fonction une station météo. Portée par l’excitation du défi, les premiers jours, Eva se croit au paradis. Euphorique, elle abat beaucoup de travail, assistée de sa chienne Puce, et explore les fonds marins magnifiques…Mais les premiers nuages ne tardent pas à faire leur apparition. Eva se fait une sale blessure qui ne guérit pas. Les réserves en eau diminuent également de façon inquiétante car il n’a pas plu une seule goutte depuis qu’elle est arrivée. Enfin, un bateau fait un beau jour son apparition et jette l’ancre en face de l’île : son équipe a pour mission de faire des prélèvements en vue d’une exploration minière (des oxydes et des terres rares) des fonds marins. Autant dire que le quotidien d’Eva va être totalement perturbé…

Après l’excellent La Bibliobule de Cordoue (qu’il avait mis en images sur un scénario du toujours inspiré Lupano), Léonard Chemineau revient avec un livre réalisé en auteur complet. Dans un registre totalement différent. Assez hybride d’ailleurs puisque La Brute et le divin tient à la fois du récit survivaliste (pendant toute la première partie Chemineau nous décrit le quotidien d’Eva : la découverte de l’île, ce qu’elle met en place pour manger et boire, le côté extrême de la météo, de façon presque documentaire), du thriller (quand le bateau d’Alphamet arrive, des tensions apparaissent rapidement entre Eva et l’ingénieur en chef de la mission, et surtout avec Sabbash, son chef de la sécurité, capable de tout ou presque pour qu’Alphamet puisse “travailler” en paix) et, bien sûr, du pamphlet écologique (le “divin” du titre, c’est bien entendu la nature et les beautés qu’elle renferme, que Chemineau met joliment en exergue, notamment lorsqu’Eva fait de la plongée, de ses élégantes couleurs aquarellées…pour ce qui est de la “brute”, on vous laisse deviner à qui cela fait référence…). Pour un résultat très réussi : la narration est très maîtrisée, le travail graphique est aussi agréable qu’expressif et la critique (l’Homme semble ne pas avoir de limites dans sa volonté d’exploitation de la planète…) mordante. Avec ou sans Lupano, Chemineau, c’est costaud !

(Récit complet, 144 pages – Rue de Sèvres)

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