BD. Ysengrin a réussi à embobiner la Mort pour la convaincre de renvoyer tous les squelettes sous terre. Les vivants sont sauvés. Mais Merlin et les élèves de l’école de magie sont encore pétrifiés. Du coup, Takka (il avait besoin d’un prétexte pour s’éloigner de Marie, la fiancée de Merlin, qui commençait à se faire un peu trop pressante…) propose au goupil de partir dans une grande quête pour réveiller le magicien…
Joann Sfar avait envie de se frotter à deux récits originels français : Le Roman de Renart et La Chanson de Roland. Alors il a créé La Chanson de Renart…qui mêle la comédie du premier au chevaleresque du second. On trouve donc beaucoup de combats à l’épée, de la magie, de grandes discussions (Ysengrin est un maître ès mensonges), parfois philosophiques, de l’Amour aussi et pas mal d’humour dans cet univers d’heroic fantasy décalé, dans lequel Sfar est si à l’aise. Du coup, il y a du Donjon dans La Chanson de Renart, de L’Ancien Temps aussi. Et le Goupil a aussi quelques points communs avec le chat du rabbin, notamment ce talent d’orateur qui pousse ses interlocuteurs dans leurs derniers retranchements…Même si Renart a une face sombre (il peut voler ou tuer s’il le faut…) que le chat n’a pas…Bref, les fans de Sfar ne seront pas dépaysés avec cette nouvelle série (aussi bavarde que d’habitude et animée par le même trait jeté qu’à l’accoutumée) qui se montre plutôt inspiré. En tout cas ce tome 2 (l’épisode d’ouverture, assez décousu, n’était pas vraiment mémorable) qui nous plonge dans la mythologie (notamment l’histoire du golem) et l’histoire juive (avec cette tradition, hallucinante mais pourtant bien réelle, qui voulait que lors de la semaine sainte, au Moyen-âge, un dignitaire chrétien gifle un juif en public pour apaiser les tensions envers cette communauté…) pour nous parler de la magie du monde. Et si vous vous demandez si ce tome 2 aura une suite, voilà la réponse de Joann Sfar lui-même : « On verra, les deux premiers albums se bouclent. Moi, pour me donner envie de me lever le matin, il suffit de me dire que je vais dessiner un renard avec un poignard et une épée à deux mains… »
(Série, 56 pages pour ce tome 2 – Gallimard)