Cela faisait des années que je n’avais pas vu La Colonie de Vacances… jamais dispos quand ils passaient en ville. La dernière fois que je les ai vus (en 2010), les bougres n’avaient même pas encore mis en place le système de quadriphonie… autant dire un autre siècle. Depuis, les quatre groupes n’ont fait que s’améliorer, pour donner, avant hier soir à Paris, un grand moment de quadriphonie noise.
Le concert a lieu au 104, haut lieu de la culture élitiste et bourgeoise (prix exorbitant pour une salle aussi subventionnée), implanté au milieu d’un quartier populaire parisien. Dès l’entrée, on sent que le lieu nous réserve quelques surprises en matière d’accueil du public. On monte un escalier, traversons un long couloir, sans vraiment savoir où nous allons, sans indication. Les gens se suivent. Une première queue se forme.
“C’est la queue pour le concert ?”
— “ah, j’en sais rien”
— “tu sais pas pourquoi tu fais la queue ?”
—ben, en fait, non ?”
Après information, c’est une queue pour le bar… Autant dire qu’il va falloir s’armer de patience pour boire une bière. L’entrée et la billetterie sont plus loin. Queue pour la billetterie, puis tampon… le premier bar ferme alors que nous n’avons pas réussit à avoir notre bière. Un second devrait ouvrir dans la cour… la bière devient une denrée rare. Queue pour entrer dans la cour et faire valider sa place ou son tampon. Nouvelle queue au second bar, ou deux pauvres gars se retrouvent à devoir servir une centaine d’assoiffés. Un panneau nous dit même de ne pas faire trop de bruit car un autre spectacle a lieu à côté. Incroyable.
Après avoir donc testé notre patience avec cette organisation kafkaienne, nous entrons enfin dans la salle, chaque groupe étant déjà installé sur sa petite scène, un le long de chaque mur, avec le public au milieu. Vous connaissez le principe, nous en avons déjà parlé lors d’une précédente soirée à la Gaité Lyrique.
Je me place devant Papier Tigre. A droite Marvin, à gauche Electric Electric, et derrière Pneu. Le concert commence.
Les quatre groupes démarrent tous ensemble. Quadriphonie d’entrée. Le son arrive de partout, quatre batteurs tapent le rythme. Un sur chaque face. Le public ne sait plus ou regarder. Certains regardent devant, d’autres derrière, les codes habituels d’un concert sont bouleversés. La puissance sonique, elle, est décuplée. Et si autrefois chaque groupe jouait ses morceaux repris parfois par les autres pour un simple final en quadriphonie, aujourd’hui, une vraie démarche s’installe. Tout au long de la soirée, les guitares se répondent d’un mur à l’autre, des chants s’ajoutent aux morceaux originaux, des chœurs font leur apparition, les batterie se reprennent, se décalent. Au final, il est rare d’entendre l’un des quatre groupe jouer seul. L’expérience quadriphonique prend tout son sens. Mieux, chaque groupe ajoute ses propres qualités aux compos des autres, faisant disparaitre les petites faiblesses de certains. Résultat, quasi pas de temps mort, une énergie incroyable du début à la fin, des moments ludiques, et un public sur-excité, répondant au moindre coup d’accélérateur. Après bien quatre ans d’expérience, La Colonie de Vacances arrive à réunir l’énergie indomptable de Marvin et Pneu, la finesse de Papier Tigre, l’electro d’Electric Electric, et surtout elle arrive à offrir une réelle expérience quadriphonique, définitivement originale et typiquement rock’n’roll.
Content que le succès soit au rendez-vous.