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LA FORET MILLENAIRE (Taniguchi)

La forêt millénaire restera, par la force des choses, à part dans l’œuvre de Taniguchi. En premier lieu, bien sûr, car c’est son dernier récit, le mangaka ayant trouvé la mort le 11 février 2017. Mais aussi parce que ce livre n’est que le début de l’histoire que Taniguchi avait en tête. Comme il en avait discuté avec son éditeur japonais Motoyuki Oda, on sait qu’il prévoyait de développer La forêt millénaire sur 4 à 5 volumes.Alors pourquoi sortir les 52 premières pages de ce récit qui, du coup, n’en reste qu’à sa phase d’exposition (l’arrivée d’un jeune garçon de 10 ans, Wataru, chez ses grand-parents, dans un petit village entouré d’une magnifique forêt millénaire apparue après un séisme dans la région de Tottori, après le divorce de ses parents et les soucis de santé de sa maman), sans même avoir le temps d’introduire l’élément principal (et perturbateur…) de l’intrigue (la découverte d’un minerai rare dans cette forêt qui va lancer un projet d’extraction risquant, bien sûr, de détruire ce précieux environnement et de mettre en danger ses habitants, qu’ils soient animaux ou humains, contre lequel le jeune Wataru va se battre) ? Pour rendre un dernier hommage au génie de Jiro Taniguchi, l’une des figures marquantes de la bande dessinée de ces 2 dernières décennies, bien entendu. A qui l’on doit beaucoup de récits forts mais dont Quartier lointain et Le journal de mon père restent, à nos yeux, les chefs d’œuvre. Et pour permettre aussi, à ses fans absolus (à qui ce livre s’adresse prioritairement) de voir sur quoi notre homme travaillait (il avait en fait abandonné ses autres projets pour se consacrer uniquement à La forêt millénaire ainsi qu’à un autre manga plus classique, l’adaptation, en noir et blanc, d’une œuvre littéraire japonaise) avant de mourir: ce récit teinté de fantastique (le jeune garçon entend arbres et animaux lui parler) qui devait montrer aux lecteurs la nécessité pour l’Homme de respecter et de vivre en harmonie avec son environnement, donc.
Pour ce dernier hommage, Rue de Sèvres a mis les petits plats dans les grands, avec une très belle édition: un grand format à l’italienne présenté sous jaquette avec entretien avec l’éditeur japonais de Taniguchi, dessins et croquis issus du carnet de l’auteur et biographie en bonus. Taniguchi méritait bien cela !

(Roman graphique – Rue de Sèvres)