BD. Stéphane Fert a beau avoir abandonné pinceaux et peintures pour une palette graphique il y a quelques années déjà, son style pictural n’a pas beaucoup changé et reste reconnaissable entre 1000. Un travail graphique magnifique (un trait souple et des couleurs, ici dans des tons majoritairement violet, rose et gris, envoûtantes), très personnel, qui sert avant tout parfaitement le genre dans lequel ses histoires s’inscrivent : le conte. Moderne, décalé, poétique parfois, et surprenant. Où, une fois encore, les femmes ont le beau rôle. Et dans lequel l’auteur injecte des thématiques qui lui sont chères : différence, tolérance, féminisme, superstitions, homosexualité et…écologie, la petite nouveauté de La marche brume. Un récit qui se déroule dans des temps indéfinis où une épaisse brume menaçante dans laquelle monstres et morts vivants errent à la recherche d’humains perdus menace d’engloutir le monde dans les ténèbres. Mais au lieu de s’unir à elles contre cette menace, les omis font la guerre aux bruches, des femmes possédant des dons qui se sont regroupées pour s’entre-aider qu’ils qualifient de sorcières. Parmi elle, Tempérance, une petite fille pas comme les autres car c’est une ogresse, que Grisette a recueillie et élevée et qui pourrait bien les sauver car son don à elle est bien particulier : elle peut voir dans la brume…
Visuellement superbe, cette première partie fait également preuve d’une belle maîtrise narrative et propose quelques scènes marquantes (on pense par exemple aux retrouvailles de Moineau et Grisette) qui nous font pleinement entrer dans le récit. Bien sûr, il reste encore des zones d’ombre, l’auteur prenant un malin plaisir à laisser cette brume inquiétante entourer le lecteur aussi… Gageons que le tome 2 permettra d’y voir plus clair dans ses intentions !
(Série, 136 pages pour ce tome1 – Dargaud)